Le service militaire

Le 17 mars 1956, il épouse Bernardette Chaudron de Courcel, qu’il a rencontrée à Sciences Po. Fervent partisan de l’Algérie française, il s’engage en avril 1956 dans la guerre d’Algérie. Il prend la tête du 3e escadron du 11e Régiment des chasseurs d’Afrique, et est affecté à Souk-el-Arba dans le département de Tlemcen, dans l’ouest de l’Algérie. A son retour, il réintègre l’ENA dans la promotion Vauban, dont il sort 10e.

Les débuts en politique

1962, il rejoint le cabinet du Premier ministre Georges Pompidou, grâce en partie au soutien de Marcel Dassault, un ami de son père. Il est alors chargé de mission au cabinet du ministre de l’Equipement, un poste très stratégique alors que la France entière est en chantier.
En 1965, il est élu conseiller municipal de Sainte-Féréole en Corrèze, commune où son grand-père était instituteur. Un mandat qu’il conservera jusqu’en 1977.
Georges Pompidou lance l’opération des « jeunes loups » qui consiste à envoyer de jeunes candidats prometteurs à la conquête de bastions traditionnels de la gauche dans l’Ouest et le Centre de la France. Le 14 mars 1967, Jacques Chirac est élu député de Corrèze après avoir battu au second tour Georges Émon, du Parti communiste français, dans une circonscription jugée imprenable. Il devient alors un fidèle de Georges Pompidou qui le surnomme « mon Bulldozer ». Jacques Chirac fera de la Corrèze son fief électoral et une carte maîtresse dans sa carrière politique.

Le « bulldozer » de Pompidou

Le 8 mai 1967, Jacques Chirac est nommé secrétaire d'État à l'Emploi auprès du ministre des Affaires sociales Jean-Marcel Jeanneney, dans le troisième gouvernement Pompidou. C’est le début d’une longue carrière ministérielle. Il crée alors l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) pour résorber le chômage. Pour la première fois en France, le chômage devient un problème.

Les accords de Grenelle

La révolte des étudiants et la grève générale paralysent la France. Le risque est grand pour le général de Gaulle si les ouvriers et les étudiants forment un front commun. Georges Pompidou veut aller vite pour mettre fin à ce que de Gaulle a qualifié de « chienlit ». Il demande alors à Jacques Chirac de prendre secrètement contact avec les syndicats et en particulier avec Henri Krasucki, le numéro 2 de la CGT. Jacques Chirac rapportera en 1977, dans Paris Match, que la rencontre s’était déroulée dans une sorte de planque clandestine et qu’il s’y était rendu avec un révolver dans la poche !

Henri Krasucki a, lui, raconté une autre version des faits : il était inquiet de voir l’envoyé du gouvernement s’agiter sur sa chaise à chaque proposition. « Il n’avait rien préparé. Pas une idée ! »

Revolver ou pas, le 27 mai 1968, les fameux accords de Grenelle entre patronat, syndicat et gouvernement sont signés.

L’impair « Château Chirac »

En mars 1969, sort l’affaire du château de Bity en Corrèze, une « ruine du XVIe siècle achetée 200 000 francs », selon Jacques Chirac, classée un peu plus tard monument historique. Selon Le Canard enchaîné qui révèle l’affaire, la rénovation aurait été aux frais de l’Etat. Georges Pompidou est furieux. On n’a pas de château quand on est un homme politique, à moins qu’il ne soit dans la famille « depuis Louis XV », lui assènera Georges Pompidou furieux. Les médias le surnommeront « Château Chirac ».

Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing

A la mort de Georges Pompidou, le 2 avril 1974, l’UDR, le parti gaulliste de l'époque, se cherche un nouveau leader. La candidature de Jacques Chaban-Delmas à l’élection présidentielle ne fait pas l’unanimité dans son propre camp. Jacques Chirac déclenche l’opération anti-Chaban.

Jacques Chirac lance « l’appel des 43 », un texte qui déplore la multiplicité des candidatures et demande que tous les candidats déclarés se retirent au profit d'une tierce personne. Signé par quatre ministres et trente-neuf députés UDR, il cause la perte de Jacques Chaban-Delmas. Au même moment, Jacques Chirac annonce qu’il soutient Valéry Giscard d’Estaing, le candidat des Républicains indépendants. Giscard est donc élu grâce à Chirac. Il le nomme Premier ministre.

Le fameux week-end à Brégançon
Dans ses mémoires, Chaque pas doit être un but, Jacques Chirac raconte ce dîner de la Pentecôte de juin 1976, qui aurait précipité son départ de Matignon. Un séjour lors duquel Valéry Giscard d’Estaing l'aurait humilié « avec une désinvolture de monarque », en l’invitant à dîner avec son moniteur de ski nautique et sa femme. « Cela a été affreux, raconta Chirac. En plus, pour l’apéritif, il y avait deux fauteuils pour le président et sa femme, et des tabourets pour nous, les quatre autres. »

Jacques Chirac claque la porte du gouvernement

Jacques Chirac, aidé en coulisse par Charles Pasqua, s'empare de la direction de l'UDR en décembre 1974, pour servir ses propres intérêts. C’est la première fois dans l'histoire de la Ve République qu’un homme politique est à la fois Premier ministre et secrétaire général du parti majoritaire. Valéry Giscard d’Estaing (VGE) comprend vite la manœuvre de Jacques Chirac. Il traite en direct avec ses ministres, prend les décisions économiques, est omniprésent dans les médias, ne laissant aucune place à son Premier ministre. Très vite, l’inimitié entre les deux hommes se fait jour. Le duo VGE-Chirac tiendra à grand-peine deux ans. Ils resteront d’éternels ennemis.

Jacques Chirac claque la porte du gouvernement, il s’explique avec éclat à la télévision sur son départ : « Je ne dispose pas des moyens que j'estime aujourd'hui nécessaires pour assumer efficacement mes fonctions de Premier ministre et, dans ces conditions, j'ai décidé d'y mettre fin. »

Le RPR pour défier VGE

Jacques Chirac retrouve son siège de député de Corrèze. Pour rassembler les gaullistes autour d’un homme politique, en l’occurrence lui, Jacques Chirac et ses conseillers, Pierre Juillet et Marie-France Garault, créent un nouveau parti le Rassemblement pour la République (RPR). Il dispose alors d’un arsenal politique pour déstabiliser VGE.

« La volaille qui crie le plus fort est celle dont on arrache les plumes », déclare-t-il à Paris Match en décembre 1976 pour désigner ceux qui critiquent son appel au rassemblement des Français au sein du RPR.

La conquête de Paris

Depuis la fin de la Commune, Paris était administrée par deux préfets, le préfet de Paris et le préfet de police. C’est Valéry Giscard d’Estaing qui instaure l’élection d’un maire au suffrage universel.

« J’ai décidé de me présenter à Paris. » Cette déclaration vaudra à Jacques Chirac d’être accusé d’insurrection par Michel Poniatowski, à propos duquel Chirac dira : « Celui-là, il fait vraiment péter l’emmerdomètre ».

Le 19 janvier 1977, Jacques Chirac dépose sa candidature, les giscardiens envoient pour le contrer un proche du président, Michel d’Ornano, dont la candidature est annoncée depuis le palais de l'Elysée. Jacques Chirac sort vainqueur de la « bataille de Paris ». Il devient le premier maire de la capitale le 25 mars 1977, depuis Jules Ferry (1870-1871).

Le coup bas de Chirac à VGE

En 1981, à l’élection présidentielle, Valéry Giscard d’Estaing brigue un nouveau mandat, persuadé d’être réélu. Jacques Chirac se présente contre lui, mais est éliminé dès le premier tour avec 17% des voix. Il ne donne aucune consigne de vote entre les deux tours et affirme qu'il va voter pour le candidat de droite, mais il n’en fera rien. Avec l’aide des réseaux de Charles Pasqua, les chiraquiens appellent en sous-main, par le biais d’une lettre envoyée aux militants du RPR, à ne pas voter pour Giscard d'Estaing, à s’abstenir ou à voter Mitterrand.
Dans ses mémoires, Valéry Giscard d’Estaing rapporte une anecdote à ce sujet. Il a téléphoné au QG de campagne de Jacques Chirac pour demander comment voter au second tour, on lui aurait répondu : « Il ne faut pas voter Giscard. Il faut voter Mitterrand. »
Six mois avant la présidentielle de 1981, Jacques Chirac rencontre secrètement François Mitterrand lors d’un dîner chez Edith Cresson.
Longtemps tenue secrète, l'histoire a été révélée par Franz-Olivier Giesbert dans son livre Mitterrand, une vie, publié en 2011.

Le 15 décembre 1995, quelques jours avant sa mort, François Mitterrand a raconté à Valéry Giscard d’Estaing son tête-à-tête avec Jacques Chirac : « Je ne me souviens pas des paroles exactes, mais le sens du message de Jacques Chirac était très clair : "Il faut nous débarrasser de Giscard ! C’est un danger pour la France." J'en ai été très surpris. »
Valéry Giscard d’Estaing sera battu au second tour par le socialiste François Mitterrand. C'est la première fois, sous la Ve République, que la gauche gouverne. Valéry Giscard d’Estaing tient toujours Chirac pour responsable de sa défaite.

Le temps de la cohabitation

Jacques Chirac est désormais le chef de l’opposition UDF-RPR qui obtient la majorité aux élections législatives de mars 1986. Il devient le Premier ministre de François Mitterrand. C’est la première cohabitation de l'histoire de la Ve République.

Élysée : seconde tentative

Le 16 janvier 1988, Jacques Chirac annonce sa candidature à l’élection présidentielle. Il élimine Raymond Barre au premier tour, mais est largement battu au second par François Mitterrand (54%). Cette seconde défaite fera dire à son épouse, Bernadette : « Les Français n’aiment pas mon mari. »

La défaite de 1988 plonge le RPR dans une période de divisions internes. Une fronde, menée par le duo Charles Pasqua-Philippe Séguin, rallie à elle un mouvement de jeunes cadres du parti se faisant appeler les « rénovateurs ». Le duo espère prendre la tête du RPR lors des assises du Rassemblement en février 1990. C’est également la première fois que le mouvement gaulliste désigne sa direction à la proportionnelle. Jacques Chirac l’emporte largement.

Le discours d’Orléans

Le 19 juin 1991, lors d’un dîner-débat à Orléans, rassemblant plus d’un millier de sympathisants, Jacques Chirac prononce un discours qui fera date. Ses propos sur l’immigration créent une vive polémique.

« Le travailleur français qui habite La Goutte d'Or et qui gagne, avec sa femme, 15 000 francs (2 500 €, ndlr) et qui voit sur le palier d'à côté, une famille avec un père, trois ou quatre épouses et une vingtaine de gosses, toucher 50 000 francs de prestations sociales sans travailler. Si vous ajoutez à cela le bruit, et l'odeur, le travailleur français, il devient fou ! »
Un discours qui fera dire à Jean-Marie Le Pen, président du Front national : « [Je suis] surpris qu'on m'emprunte mon discours, tout en continuant à me diaboliser. Les Français préféreront toujours l'original à la copie. »
Jacques Chirac s’expliquera quelques jours plus tard en disant qu’il fallait sortir de la langue de bois habituelle au sujet des immigrés et que M. Le Pen n’a pas le monopole de ce thème.

En 1992, les dissensions idéologiques s’accentuent, notamment sur la politique européenne, au sein du RPR. Jacques Chirac, soutenu par Alain Juppé et Edouard Balladur, appelle à voter « oui » au traité de Maastricht tandis que Philippe Séguin et Charles Pasqua font campagne pour le « non ». Le RPR-UDF remporte les élections législatives de 1993. Edouard Balladur est nommé Premier ministre par François Mitterrand. En novembre 1994, Chirac abandonne la présidence du RPR, et en confie l'intérim à Alain Juppé pour préparer la présidentielle de 1995.

Trahi par Edouard Balladur, mais victorieux

Grisé par sa cote de popularité, Edouard Balladur, soutenu par Charles Pasqua et Nicolas Sarkozy, annonce sa candidature à l’élection présidentielle. Chirac se sent trahi par son ami de trente ans. Il annonce sa candidature le 4 novembre 1994 et lance sa campagne électorale sur le thème de la « fracture sociale ». A la surprise générale, il élimine son rival dès le premier tour. Jacques Chirac bat Lionel Jospin au second (52,64% contre 47,36%). Le 17 mai 1995, il devient le 22e président de la République.

Certains diront que Les Guignols de l’info ont contribué à la victoire de Jacques Chirac. En effet, la marionnette de Jacques Chirac est sûrement l’une des plus populaires de l’émission. Il y est présenté comme un bon vivant, sympathique, proche des Français, amateur de tête de veau et de bière. Tout le monde se souvient de la réplique culte de sa marionnette : « Putain, deux ans ! » (avant d’arriver à l’Elysée, ndlr). Pendant la campagne présidentielle de 1995, la marionnette est présentée avec un poignard dans le dos, symbolisant la trahison de Balladur.
Interrogé par l’AFP à ce sujet, Jacques Chirac répondra : « J'espère que c'est aussi pour d'autres raisons que j'ai été élu ! »

En 2002, pendant la campagne électorale l’opposant à Lionel Jospin, la marionnette de Jacques Chirac deviendra Supermenteur.

La responsabilité de l’État français
dans la rafle du Vel' d’Hiv.

À l'occasion des cérémonies du 53e anniversaire de la rafle du Vel' d'Hiv, le président de la République, Jacques Chirac, reconnait pour la première fois la responsabilité de l'Etat français dans la déportation et l'extermination de juifs durant la Seconde Guerre mondiale.

La dissolution de l’Assemblée

Quand Alain Juppé arrive à Matignon, les caisses de l’Etat sont vides, il ne peut mettre en œuvre la réduction de la « fracture sociale », une promesse électorale de Jacques Chirac. Il augmente les impôts et lance un programme de réformes (« plan Juppé ») qui vise à aligner le régime des retraites des fonctionnaires sur celui du secteur privé ainsi qu’une refonte de la Sécurité sociale. L’hostilité des syndicats est immédiate. La France est paralysée par trois semaines de grèves. Le gouvernement recule, Alain Juppé chute dans les sondages et perd la confiance des Français. Le gouvernement Juppé est de plus en plus impopulaire, Jacques Chirac dissout l’Assemblée nationale, le 21 avril 1997, sur les conseils de Dominique de Villepin. La « gauche plurielle » sort victorieuse de ces élections anticipées, obligeant Jacques Chirac à nommer le socialiste Lionel Jospin Premier ministre.

Le choc du second tour : Chirac-Le Pen

Jean-Marie Le Pen, à la tête du Front national, élimine Lionel Jospin au premier tour de l’élection présidentielle. La France est sous le choc, des manifestations monstres anti-Front national ont lieu dans tout le pays. Jacques Chirac refuse de débattre avec son adversaire. Le Pen est battu au second tour par Jacques Chirac qui est réélu avec 82,21% des voix, un score jamais vu en France. Jean-Pierre Raffarin est nommé Premier ministre, Nicolas Sarkozy devient ministre de l’Intérieur. Le 14 juillet 2002, Jacques Chirac échappe à une tentative d’assassinat lors du défilé militaire sur les Champs-Elysées. Le 17 novembre 2002, l’Union pour la majorité présidentielle devient l’Union pour un mouvement populaire (UMP), un parti unique de droite qui rassemble le RPR, Démocratie Libérale et une partie de l’UDF. Alain Juppé en sera le premier président jusqu’en 2004.

Il nomme Nicolas Sarkozy ministre de l’Intérieur

Les deux hommes se connaissent depuis la naissance du RPR et seront très proches jusqu’en 1995, année où Nicolas Sarkozy devient le porte-parole du candidat Edouard Balladur. C’est la rupture, une double trahison pour Jacques Chirac. Mais mauvaise pioche pour Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac est élu en 1995. Sarkozy est banni de la chiraquie jusqu’en 1999, il ne doit son retour qu’à Alain Juppé et Dominique de Villepin. En 2002, il soutient la candidature de Jacques Chirac et espère devenir Premier ministre, il obtiendra l’Intérieur, puis les Finances.

Très tôt, Nicolas Sarkozy affiche ses ambitions présidentielles. Le 20 novembre 2003, dans l'émission 100 minutes pour convaincre, alors qu’on lui demande s’il pense à la présidentielle en se rasant le matin, il a cette formule qui restera célèbre : « Pas seulement quand je me se rase. »

Dès lors, il occupe la scène politique et médiatique, ce qui oblige Jacques Chirac à un recadrage en règle lors de son allocution télévisée du 14 juillet 2004 : « Il n'y a pas de différends entre le ministre des Finances et moi, pour une raison simple : je décide, il exécute. »
Soutenu par Bernadette Chirac, Nicolas Sarkozy s’empare de la tête de l’UMP en 2004 et multiplie les piques envers son ex-mentor.

Le non à la guerre en Irak

Engagés en Afghanistan depuis les attentats du 11-Septembre, les États-Unis de George W. Bush décident de mener la guerre contre l’Irak qui abriterait des armes de destruction massive et qui forme, selon Washington, l’« axe du mal » avec l’Iran et la Corée du Nord. La France et l’Allemagne, hostiles à cette intervention, rappellent que « seul le Conseil des Nations unies est habilité à engager une opération militaire contre l’Irak. »

C’est le début d’un bras de fer diplomatique au Conseil de sécurité de l’Onu. Le 5 février 2003, le secrétaire d’Etat américain Colin Powell dévoile ses « preuves » alors que les inspecteurs de l’Onu, Hans Blix et Mohamed El-Baradei, n’ont rien trouvé de probant et demandent la poursuite des inspections, mises en place par la résolution 1441.

Le 14 février 2003, dans un célèbre discours à l’Onu, Dominique de Villepin, ministre français des Affaires étrangères, récuse la légitimité de l’intervention en Irak. La France devient le chef de file du « camp de la paix ».

A quelques heures de l’échéance cruciale de l’Onu, Jacques Chirac déclare à la télévision française le 10 mars 2003, que « quelles que soient les circonstances, la France votera "non" » à un projet de résolution donnant un feu vert international à la guerre. Le 20 mars 2003, craignant le rejet d’une nouvelle résolution et malgré le désaccord de la France, de la Russie et de la Chine, Washington lance l'opération « Irak Freedom » sans l'aval du Conseil de sécurité.

Paris perd l’organisation des Jeux olympiques

Paris aurait perdu l’organisation des JO 2012 à cause d’une blague de Jacques Chirac sur la nourriture anglaise. C’est ce que laisse entendre Sebastian Coe, ancien champion olympique et président du comité de candidature de la ville de Londres pour les JO de 2012 dans son livre Running My Life. Il rapporte que Cherie Blair, l'épouse de l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair, apostrophe le président français sur ses critiques sur la cuisine britannique, lors d’une réception déterminante à Singapour. « D'après ce que j'ai compris, vous avez dit des choses grossières à propos de notre nourriture », lui hurle-t-elle « comme un putois ». « Vous ne devriez pas croire tout ce que vous lisez dans les journaux », lui a répondu Jacques Chirac. « Cette scène, je l'ai vue à la télévisio. », lui réplique-t-elle. Mal à l’aise, Jacques Chirac quitte les lieux sans avoir le temps de défendre la candidature de Paris auprès des responsables du Comité international olympique.

Lors du sommet du G8 en Ecosse, trois jours auparavant, Jacques Chirac aurait glissé à Vladimir Poutine et au chancelier allemand Gerhard Schröder : « La seule chose qu'ils ont faite pour l'agriculture européenne, c'est la vache folle. On ne peut pas faire confiance à des gens qui ont une cuisine aussi mauvaise », rapporte l'envoyée spéciale de Libération, qui a entendu la discussion. Mais un attaché de presse de la délégation britannique a également entendu la conversation, l’histoire était dans tous les médias britanniques dès le lendemain.

Emeutes en banlieue

Un mois et demi après l’accident vasculaire cérébral (AVC) de Jacques Chirac, les émeutes de banlieue éclatent.

Le 27 octobre 2005, deux adolescents meurent électrocutés, à Clichy-sous-Bois près de Paris, alors qu’ils tentent d’échapper à un contrôle de police. La mort de Zyed Benna et de Bouna Traoré provoque des émeutes, sans précédent, dans les banlieues de Paris et de plusieurs grandes villes de province durant 21 nuits. Le 8 novembre, le gouvernement déclare l’état d’urgence, qui est ensuite prorogé pour une durée de trois mois. Les évènements feront la Une des médias du monde, donnant l’impression que la France est à feu et à sang. Certains d’entre eux parleront même de guerre civile.

L’absence de Jacques Chirac de la scène politique et médiatique est critiquée par l’opposition mais également par son propre camp malgré une brève intervention lors d’une conférence de presse du 18e sommet franco-espagnol. Il sort finalement du silence le 14 novembre en s’adressant directement aux Français, à la télévision et à la radio, devant plus de 20 millions de téléspectateurs, un record en politique. Dans ce discours, Jacques Chirac estime qu’il s’agit « d’une crise de sens, une crise d’identité » qui révèle « un malaise profond ». Il annonce la création d’un service civil volontaire dont l’objectif sera de permettre une meilleure intégration des jeunes issus de l’immigration ainsi que la création d’une Haute Autorité contre les discriminations.

Première commémoration de l’abolition de l’esclavage

Jacques Chirac célèbre la première commémoration des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions. Cette date correspond à l’adoption cinq ans plus tôt de la loi dite « Taubira ». La France est le premier État et demeure le seul qui, à ce jour, ait déclaré la traite négrière et l’esclavage « crime contre l’humanité ».

Inauguration du Musée du Quai Branly

C’est d’une rencontre fortuite avec Jacques Kerchache, un amateur éclairé (voyageur, collectionneur et marchand), que va naître l’idée de créer un musée qui rende hommage aux Arts premiers. En mai 1995, une commission de réflexion est ouverte. Il faudra onze années pour voir le Musée du Quai Branly sortir de terre. Le bâtiment est signé Jean Nouvel et compte environ 300 000 œuvres. Jacques Chirac voulait laisser une trace de son passage à l’Elysée comme ses prédécesseurs, François Mitterrand avec la pyramide du Louvre et La Grande Bibliothèque ou Georges Pompidou avec le centre Beaubourg.

Les adieux

Il annonce aux Français qu’il ne se présentera pas à l’élection présidentielle de la même année. Dans son livre Les Chirac : les secrets du clan, Béatrice Gurrey, journaliste au Monde, révèle qu’il y eu 106 versions du discours d'adieu de Jacques Chirac. Frédéric Sallat-Baroux, secrétaire général de l'Elysée est chargé de rédiger le discours. Les deux hommes ne sont pas d’accord sur une phrase : « Cette France que j'aime autant que je vous aime », Chirac n’en veut pas. Frédéric Sallat-Baroux persiste et la garde dans les 106 versions, pour lui le président « ne pouvait pas partir comme ça sans dire aux gens qu'il les aimait. » Jacques Chirac finit par céder.

Après douze années de présidence, il quitte l’Elysée le 16 mai 2007 lors de la passation de pouvoir à Nicolas Sarkozy fraîchement élu.

Les démêlés avec la justice

Pendant douze ans, l'immunité liée à la fonction présidentielle le tient à l'écart de l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris qui remonte au début des années 1990, quand il était maire de la capitale.

Le 21 septembre 2000, Le Monde publie le témoignage posthume de Jean-Claude Méry, financier occulte du RPR, dans lequel il décrit un système de trucage des marchés publics parisiens servant au financement politique du RPR. Le soir même Jacques Chirac, invité sur France 3 qualifiera cette histoire d’ « abracadabrantesque », un mot emprunté au poème Le cœur supplicié d’Arthur Rimbaud.

A l’été 2007, Jacques Chirac, n’est plus protégé par son immunité. Il est entendu pour la première fois par la justice comme témoin assisté. Il est mis en examen en novembre 2007 dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris.

Le 15 décembre 2011, Jacques Chirac est condamné à deux ans de prison avec sursis pour « détournement de fonds publics », « abus de confiance » et « prise illégale d'intérêt ».