Cette famille de la classe moyenne est composée d’un jeune couple avec deux enfants. Ils sont impliqués dans la transition énergétique et écologique comme une partie grandissante de la population allemande.
Lui est charpentier, elle assistante sociale. Leurs deux enfants sont scolarisés à l’école primaire. Ils vivent dans une maison individuelle avec jardin dans une ville moyenne. Ils ont des revenus assez modestes mais une forme d’autosuffisance énergétique et alimentaire les met à l’abri des difficultés
Quelle transition énergétique pour cette famille ?
Cette famille permet d’illustrer
les progrès possibles vers un mode de vie écologique soucieux des objectifs climatiques, tout en maintenant un
quotidien satisfaisant. Leur quête d’autonomie les pousse à être économes,
à éviter tout gaspillage, à valoriser les énergies renouvelables. Ils ont une certaine méfiance à l’égard de la société de consommation et la sophistication technologique. Mais ils utilisent largement les nouvelles technologies de communication et l’informatique pour leurs démarches collaboratives. Ils sont membres d’une coopérative locale de production d’énergies renouvelables et s’impliquent fortement dans la vie locale par le biais de diverses associations.
Cette famille est très engagée dans la transition écologique, mais ses émissions de gaz à effet de serre et son bilan énergétique sont obérés par les modes de production de l’économie allemande.
Emissions de dioxyde de carbone (CO2) par personne de la famille de jeunes urbains allemands en 2015
L'allemagne, n’a pas fait connaître de façon détaillée ses émissions sur les gaz autres que le CO2. Si on compte le CO2 seulement, pour contenir le réchauffement climatique à 2°C
en 2050, le chiffre plafond est de 1,1 t de CO2 par personne par an.
Cette famille n’a pas besoin de politique publique pour améliorer de comportement. Elle nécessite en revanche un accès à une capacité d’investissement, notamment pour la valorisation des énergies renouvelables.
Un pays acteur dans la transition écologique
Emissions de CO2 par pays et par habitant
Si on considère les émissions globales de CO2 par pays, sur les 216 recensés, les trois pays les plus pollueurs sont la Chine, les Etats-Unis et l’Inde. L’Allemagne les talonne de près en 6e position, la France est placée en 17e position, l’Algérie en 34e position, le Pérou en 50e position et le Sénégal en 106e position.
Des énergies renouvelables au quotidien
La vieille maison construite dans l’après-guerre restait mal isolée malgré une isolation sous toiture et un changement de fenêtres réalisés dans les années 1980. Les propriétaires précédents avaient alors installé un poêle à bûches qui chauffait difficilement la maison.
Cette famille a réalisé, après 2010, des
travaux de grande qualité au standard allemand « passivHaus », avec une
isolation des murs par l’extérieur à la fois pour lutter contre le froid et se protéger des canicules. Elle a changé le vieux poêle pour un nouveau utilisant des granulés de bois, offrant une plus grande autonomie.
Dès 2030, cette famille produit son eau chaude avec un chauffe-eau à pompe à chaleur alimenté par capteurs solaires.
Elle réduit ainsi ses émissions de CO2 de 52 kg en 2015 à 15 kg équivalent pétrole en 2050.
Entre 2015 et 2050, cette famille réduit de 4 fois ses émissions de CO2 en passant
d’un chauffage avec des bûches de bois à un chauffage bois à granulés de bois.
Cette famille
très soucieuse d’autonomie entend se dégager autant que possible des énergies classiques, qu’il s’agisse du nucléaire ou des combustibles fossiles, facteurs de risques, de pollution et d’effet de serre.
Pour cela, elle a installé des
capteurs solaires pour la production d’eau chaude, plusieurs
modules photovoltaïques pour produire de l’électricité et un chauffage à bois. Elle fait également son
compost pour son jardin où elle fait un peu de
culture biologique.
En 2014, les énergies renouvelables sont devenues la première source de production électrique en Allemagne, selon la Fédération de l’industrie électrique (BDEW). Leur part dans le bouquet électrique a atteint un record de 25,8% passant ainsi devant le lignite et la houille, qui représentent respectivement 25,6% et 18%. En revanche, additionnées, les deux formes de charbon restent la première source d’électricité et représentent encore 43,6% du courant produit en Allemagne.
Une alimentation en circuit court
Cette famille ayant un petit jardin a adopté un
régime alimentaire végétarien, avec une alimentation autant que faire se peut issue de la culture biologique. Elle adhère aussi à un
réseau d’approvisionnement alimentaire de proximité (type AMAP, Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne). Leur cuisine s’est adaptée au rythme des saisons. Cela ne veut pas dire qu’ils ne fassent pas des exceptions pour initier les enfants à d’autres saveurs.
Ils sont attentifs aux
préoccupations de santé et achètent des produits frais et se méfient des plats préparés et des aliments contenant trop de conservateurs. Toujours leur scepticisme vis-à-vis de certains aspects du « progrès » technologique et des produits chimiques !
1kg de beure bio émet ¼ de moins de gaz à effet de serre
Des pratiques collaboratives
La logique d’autonomie de cette famille l’a conduit à une
pratique très attentive de recyclage en séparant attentivement ce qui peut aller au compost, les métaux, le papier, le plastique et les produits trop souillés. Ils pratiquent aussi le réemploi pour les vêtements et les jouets. Ils se sont
orientés vers l’autopartage pour un grand nombre d’équipements de bricolage et de jardinage.
En 2010, l’éclairage était assuré par des
lampes à incandescence. Ensuite tout est passé en LED (diodes électroluminescentes).
Cette famille a
le souci d’intégrer ses jeunes enfants dans ce processus, de leur faire comprendre la nature des choses, de les impliquer dans le jardinage. Les enfants trouvent plaisir à cette vie à la campagne proche de la nature, des animaux et avec d’innombrables possibilités de jeux. Ils sollicitent souvent leurs parents pour faire venir des copains d’école, qui découvrent ces activités bien loin de leurs loisirs assez mornes en appartement : la télé et les jeux vidéo.
A vélo au quotidien
Cette famille
se déplace surtout à vélo. A la fois pour aller travailler, aller à l’école et faire les courses en ville. En 2010, elle possède aussi une petite voiture pour certains déplacements occasionnels de longue distance, pour certains loisirs et aller voir la famille. Mais elle utilise le bus ou le train quand c’est possible.
Quand, dans les années 2020, la voiture est allée à la casse, ils se sont tournés des voitures hybrides (essence et électricité) en autopartage. Pour le reste, cette famille continue d’utiliser surtout le vélo, mais ceux-ci sont à assistance électrique.
Cette famille
participe à un groupement de « familles à basse consommation ». N’appréciant pas les grandes concentrations touristiques estivales, elle a choisi comme mode de vacances soit l’échange de logement, soit d’aller chez des amis, soit de camper. La plupart du temps, ils séjournent en Allemagne ou dans les pays méditerranéens proches pour faire plaisir aux enfants. Dans tous les cas, ils s’y rendent en train.
Evolution de l’usage du mode de transport
(Emissions de dioxyde de carbone (CO2) en kg par famille)
Vélo, petite voiture, bus et train
Travail :
664 kg
Loisirs, vacances :
604 kg
Vélo électrique, voiture hybride, autopartage, train
Travail :
65 kg
Loisirs, vacances :
38 kg
Vélo électrique, voiture hybride, autopartage, train
Travail :
25 kg
Loisirs, vacances :
27 kg
Les
émissions de dioxyde de carbone (CO2) liées aux déplacements de cette famille sont exceptionnellement basses du fait qu’elle donne la priorité au vélo et aux transports collectifs. La réduction des émissions suit aussi la diminution des émissions du système électrique allemand.
Un mode de vie exemplaire
Dès le départ, les consommations d’énergie de cette famille de quatre personnes sont nettement inférieures à la moyenne allemande (9, 2 t/hab.), notamment du fait de ses choix de transport. C’est encore plus le cas pour ce qui concerne ses émissions de gaz à effet de serre grâce à l’utilisation d’un chauffage sans combustible fossile (chauffage au bois).
Les performances de cette famille sont exceptionnelles mais
elles tiennent en partie à son cadre de vie. Un foyer ayant les mêmes priorités mais résidant en zone urbaine dense ne pourrait pas faire aussi bien.
Evolution des émissions de dioxyde de carbone (en tonnes équivalent CO2)
par personne de la famille de jeunes urbains allemands
La consommation d’énergie de cette famille est
inférieure à l’objectif que s’était fixé l’Allemagne de la diviser par deux entre 2010 et 2050, soit deux tonnes équivalent pétrole par habitant.
Par ses choix et son comportement exigeant, elle fait encore mieux sur ses émissions de gaz à effet de serre. Sans même attendre de nouvelles innovations,
cette famille atteint presque le scénario allemand le plus volontariste, qui est de diviser par 20 les émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2050.