Cette famille habite le centre de la capitale. Elle est totalement intégrée à la fois dans la vie publique nationale et l’économie de marché. Elle bénéficie d’un haut niveau d’éducation.

Le père est avocat, la mère travaille dans une banque. Agés d’une quarantaine d’années, ils ont trois enfants adolescents. Une employée de maison les aide dans leur quotidien. Elle n’habite pas chez eux, comme ce fut la coutume auparavant dans les familles de la bourgeoisie de Lima.

Quelle transition énergétique pour cette famille ?

Le niveau de vie de cette famille est équivalent à celui des populations semblables dans les pays développés. Elle a une consommation d’énergie élevée et donc des émissions de gaz à effet de serre en conséquence (nettement supérieure à la moyenne nationale actuelle de 2 tonnes équivalent CO2 par habitant).


Emissions de dioxyde de carbone (CO2) par personne de la famille urbaine aisée péruvienne en 2015


Le Pérou, n’a pas fait connaître de façon détaillée ses émissions sur les gaz autres que le CO2. Si on compte le CO2 seulement, pour contenir le réchauffement climatique à 2°C en 2050, le chiffre plafond est de 1,1 t de CO2 par personne par an.

Cette famille pose clairement la question du mix électrique du pays, au départ fondé sur des combustibles fossiles en complément de l’hydraulique.
Le Pérou, plus victime que responsable du changement climatique

Emissions de CO2 par pays et par habitant


Si on considère les émissions globales de CO2 par pays
, sur les 216 recensés, les trois pays les plus pollueurs sont la Chine, les Etats-Unis et l’Inde. L’Allemagne les talonne de près en 6e position, la France est placée en 17e position, l’Algérie en 34e position, le Pérou en 50e position et le Sénégal en 106e position.



Un logement peu énergivore



dessin cuisine équipée


La famille a acheté un appartement neuf, par emprunt bancaire, dans un beau quartier de Lima. Profitant du boom immobilier des dix dernières années, elle vit dans un logement confortable, pourvu d’un équipement électroménager usuel complet.


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A Lima, nul besoin de chauffage ou de climatisation.
En effet, la ville pourtant proche de l’Equateur bénéfice d’un climat rafraichi naturellement par un courant marin puissant , qui remonte du sud du Chili puis longe la côte péruvienne. La température oscille de 12 à 19°C en hiver à 16 à 26°C en été.




graphique camembert


Actuellement, les énergies renouvelables sont majoritaires dans le mix électrique péruvien (55%), le reste étant couvert à 45% par les combustibles fossiles (en majeure partie par les centrales thermiques fonctionnant au gaz naturel )



D’ici 2030, la production de l’énergie va s’orienter fortement vers le gaz pour lequel les ressources nationales dans le sud-est du pays sont importantes, et vers les énergies solaires. Celles-ci seront produites à la fois grâce aux centrales solaires photovoltaïques dans le sud du Pérou où l’ensoleillement annuel de certaines régions dépasse 2 300 kWh/m² mais aussi au niveau individuel. A partir de 2030, 70% de la production d’eau chaude sanitaire sera assurée par capteurs solaires.


Une alimentation de plus en plus végétale


Pictos une assiette avec des légumes


L’employée de maison fait les courses à pied dans le quartier dans une grande surface. Si une à deux fois par semaine la famille va au restaurant, au quotidien c'est la mère de famille qui cuisine. Elle concocte des plats traditionnels, souvent à base de poissons crus, fortement citronnés mélangés avec des oignons et de la salade. Après les repas, les déchets alimentaires sont mélangés aux autres déchets ménagers et sont mis en décharge sans tri et sans recyclage.





Les déchets alimentaires contribuent à l'effet de serre

Les parties des déchets qui contribuent à l’effet de serre sont les restes alimentaires et tout ce qui se décompose : tonte, papier etc. Leur fermentation en décharges dégage du gaz carbonique et surtout du méthane. A partir de 2030, les déchets ménagers et urbains, dont le volume va augmenter fortement, devront faire l’objet d’un traitement par méthanisation avec une production d’électricité. La valorisation de la matière organique restante sera utilisée comme amendement agricole pour recharger des sols agricoles très pauvres de la zone littorale, permettant ainsi de réduire les émissions de protoxyde d’azote (N2O) provoquées par l’utilisation d’engrais.


Dans l'avenir, en raison de la réduction prévisible du rendement de la pêche , la famille devrait être amenée à diversifier son alimentation, plus végétale notamment pour les protéines.

pecheurs



Maitriser la consommation d’énergie pour les transports


Aujourd’hui, les parents ont chacun leur voiture qu’ils utilisent pour aller travailler (une berline routière et une seconde voiture plus petite). A Lima , il n’y a guère le choix tant les transports collectifs sont déficients. Leur voiture sert pour tous les déplacements dans l’agglomération embouteillée de la capitale. Ils l’utilisent aussi pour aller dans leur maison au bord de la mer, dans la cité balnéaire de Pucasana au sud de Lima, ou bien pour effectuer les visites à la famille et aux amis, habitant dans l’agglomération de Lima.

En 2030, ils optent pour une voiture hybride qui consomme moins d’énergie. Depuis que les transports collectifs se sont améliorés, ils les utilisent pour leurs déplacements en ville. Les modes de transport de ce type de famille devraient évoluer progressivement en 2050 avec une place de la voiture qui restera importante, tout en utilisant davantage le métro et des transports collectifs.

Leur voiture restera hybride tant que des capacités de recharge pour des véhicules électriques ne se seront pas diffusées massivement dans le pays. Taxis et bus (les micros) pourraient connaitre de notables améliorations, devenant hybrides ou alimentés au gaz, réduisant ainsi fortement la pollution de l’air de l’agglomération. En 2015, ils ont une petite voiture dont ils se séparent quelques années plus tard en raison de la difficulté à se garer dans leur quartier.


Evolution de l’usage du mode de transport
(émissions de dioxyde de carbone (CO2) en kg par famille)

Voitures à essence
Travail : 3 128 kg
Loisirs, vacances : 2 754 kg

Voiture hybride
Travail : 1 402 kg
Loisirs, vacances : 2 304 kg

Bus et métro, voiture hybride
Travail : 472 kg
Loisirs, vacances : 669 kg

A partir de 2030, la famille ne va désormais en vacances à Miami qu'une fois tous les deux ans et envisage des séjours plus longs.






Des équipements électroniques de plus en plus performants


graphique : pictos tv ordinateur
Utilisant de plus en plus les technologies de communication et des équipements de loisirs, la consommation d’électricité de ce type de famille augmente en conséquence. L’électricité étant produite pour moitié à partir de l’hydraulique et pour moitié à partir de combustibles fossiles, essentiellement du gaz, ses émissions de gaz à effet de serre sont aussi plus importantes.

En 2030, la famille urbaine bénéficie d'équipements plus performants et d’une électricité qui devient progressivement décarbonnée compte tenu du potentiel important du pays en énergies renouvelables (éolien, solaire photovoltaïque, biomasse, géothermie haute température permettant de produire de l’électricité dans les zones de volcanisme). Le gaz exploité dans le sud du pays, à la frontière bolivienne, devient l’énergie de complément et remplace le charbon et le pétrole dans la production électrique.

Graphique: Picto/dessin usine à gaz
En 2050, l’amélioration des infrastructures du pays (production électrique et transports) a permis à ce profil de famille de réduire ses émissions, mais la maîtrise des émissions de gaz à effet de serre est aussi fortement liée à l’amélioration de ses comportements individuels au nom de l’intérêt général. La réduction des gaspillages, n'est pas un comportement facile à acquérir par ce type de famille.




Réduire ses émissions de gaz à effet de serre en améliorant ses conditions de vie


La famille urbaine aisée péruvienne va pouvoir améliorer ses conditions de vie et réduire ses émissions de gaz à effet de serre, en modifiant quelques éléments de son mode de vie. Ils devront opter pour des modes de consommation moins énergivores : une production d’eau chaude sanitaire par énergie solaire, l’achat de véhicules moins consommateurs et d’équipements électroménagers et d’éclairage plus efficaces.
L’utilisation de services collectifs de transports leur permettra de réduire leur empreinte carbone. Un choix facilité par le développement progressif des lignes de métro et de bus et la mise en place d’un service de recyclage et de méthanisation des déchets urbains. D’ici 2030, la famille utilisant une voiture hybride, grâce aux améliorations apportées par les constructeurs sur ces véhicules, ses émissions de gaz à effet de serre diminueront encore.

Evolution des émissions de dioxyde de carbone (en tonnes équivalent CO2) par personne de la famille aisée urbaine péruvienne

Graphique : Emissions de gaz à effet de serre par personne pour la famille aisée urbaine

Pour que le Pérou parvienne à réduire globalement de 30% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à un scénario tendanciel, ce type de famille, urbaine aisée, doit diminuer davantage ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Ce qui devrait compenser l’augmentation d’émissions de GES d’autres familles plus modestes améliorant leur niveau de vie.


La réduction des émissions de gaz à effet de serre pourra être obtenue pour cette famille par : Les politiques publiques nécessaires à l’amélioration des conditions de vie de cette famille :