Cette famille vit dans un village près de la ville de Yurimaguas, un port sur le grand fleuve Huallaga qui va rejoindre le Maranon, un des deux affluents à l’origine avec l’Ucayali du grand Amazone près de Nauta, dans le département de Loreto.
Ce couple parle un peu d’espagnol, leurs parents sont analphabètes et habitent avec eux. Ils ont quatre enfants. Le père travaille, il transporte des marchandises et des personnes sur le Huallaga. La mère reste à la maison et cultive un petit jardin. Les grands-parents fabriquent des outils usuels en bois et préparent des plantes médicinales qu'ils vendent aux rares touristes.
La situation en Amazonie est très complexe
Certaines populations, comme cette famille, sont engagées dans un processus d'intégration. Elles maîtrisent un peu l'espagnol, et tout en gardant un
mode de vie assez traditionnel, s'assurent quelques revenus pour acheter des équipements domestiques et améliorer leurs conditions de vie.
Il y a aussi des
populations beaucoup plus à l’écart qui subissent différentes agressions dans leur territoire (par exemple l’ethnie des Ashaninkas). Elles sont régulièrement victimes des chercheurs d’or et d’autres matières premières, des compagnies pétrolières, des trafiquants de drogue et des producteurs de coca.
Cette civilisation a sans doute
conservé une sagesse en restant à l'écoute des processus naturels, ce que les pays dits développés ont en partie oublié.
Les Ashaninkas représentent le plus important peuple indigène d’Amazonie du Pérou.
Quelle transition énergétique pour cette famille ?
La famille amazonienne vivant entre sa culture traditionnelle et la société péruvienne actuelle émet peu de gaz à effet de serre. L’enjeu pour elle est de trouver un équilibre entre le maintien de sa culture ancestrale et l’amélioration de ses conditions de vie.
Emissions de dioxyde de carbone (CO2) par personne de la famille urbaine aisée péruvienne en 2015
En 2015, cette famille génère de très faibles quantités de
CO2, 0,15 t par personne par an, ce qui est bien en deçà de l’émission moyenne (1,1 t de CO2 par personne par an) pour contenir le réchauffement climatique à 2°C en 2050.
Le Pérou, n’a pas fait connaître de façon détaillée ses émissions sur les gaz autres que le CO2. Si on compte le CO2 seulement, pour contenir le réchauffement climatique à 2°C
en 2050, le chiffre plafond est de 1,1 t de CO2 par personne par an.
Le Pérou sur le long chemin de la transition
Emissions de CO2 par pays et par habitant
Si on considère les émissions globales de CO2 par pays, sur les 216 recensés, les trois pays les plus pollueurs sont la Chine, les Etats-Unis et l’Inde. L’Allemagne les talonne de près en 6e position, la France est placée en 17e position, l’Algérie en 34e position, le Pérou en 50e position et le Sénégal en 106e position.
Un habitat proche de la nature
La famille vit dans une maison auto-construite en bois et en paille dans un village près de Yurimaguas.
Le bois est et restera le principal matériau de construction.
Il n’y a aucun besoin de chauffage. Ils utilisent du bois de feu pour faire la cuisine et avoir de l’eau chaude sanitaire avant 2030. Ensuite, celle-ci est produite par capteurs solaires (donc sans pollution ni émissions de gaz à effet de serre).
Il n’y a pas d’éclairage,
cette famille vit selon le cycle du soleil.
Cette famille n’a pas l’électricité. Mais le gouvernement de Loreto, qui touche des recettes de l’exploitation des gisements de pétrole, promet d’installer l’électricité et internet à Yurimaguas dans les années qui viennent.
L’éclairage sera assuré à partir de 2030 par des lampes fluocompactes et ensuite par des LED (diode électroluminescente).
Aux horizons 2030 et 2050, leur maison pourra bénéficier d’extensions, toujours réalisées en auto-construction.
L’Amazonie péruvienne est menacée par la déforestation
De nouveaux déchets à traiter
La famille recycle les matières organiques comme amendement pour son jardin. Elle a désormais des déchets plastiques et métalliques résultant du peu d’objets de consommation qu’ils peuvent parfois acheter. Elles ne savent pas quoi en faire. Dans son village, il n’y a évidemment pas de ramassage des ordures.
Entre 2030 et 2050, la ville mettra en place des points d’apports volontaires pour les déchets non fermentescibles afin d’organiser un recyclage des métaux, plastiques et autres matériaux.
Le village pourrait s’équiper d’une installation de méthanisation qui permettra de produire un complément d’électricité dont pourra bénéficier cette famille.
Des déplacements limités
Cette famille n’a jamais quitté
son territoire et n’est pas allée au-delà de la ville proche. Il n’y a pas de lieu de loisirs dans cette petite ville.
Les vacances lui sont étrangères.
Il existe un bus qui relie leur ville et Tarapoto, la capitale économique de cette partie amazonienne du Pérou.
Tarapoto est devenue une ville attractive depuis que l’on peut y vendre de l’or, du pétrole, de multiples matières premières du sous-sol amazonien.
Ce dynamisme économique entrainera d’ici 2030, une
augmentation du trafic de camions pour les marchandises et des petits bus pour les personnes. Yurimaguas sera relié au reste du Pérou.
En 2050, cette famille aura davantage de recettes financières, elle pourra donc aller en bus faire des courses, et bénéficier d’un suivi sanitaire, faire des démarches administratives.
Les anciens sont pris en charge par les enfants.
L’espérance de vie est de 50 ans. Il n’y a pour ces personnes aucun système de retraite et leurs revenus ne leur permettront pas avant longtemps de contracter un système d’assurance. Tout continue de reposer sur la solidarité familiale.
Il est en outre essentiel
d’éviter à ces populations de s’exposer à trop de dépendance et donc de maintenir une forme d’autonomie (alimentation, activités artisanales, culture médicale à base de plantes, formes culturelles) en y associant des formes modernes : utilisation des énergies renouvelables, accès à internet, diffusion des connaissances et des cultures.
L’électricité à partir de 2030
Aujourd’hui, le village n’est toujours pas relié au réseau électrique. A partir de
2030, la maison de cette famille sera
raccordée à l’électricité, elle bénéficiera aussi d’une installation photovoltaïque installée dans le village, situé dans une clairière.
Cet accès à l’électricité lui permettra d’avoir l’éclairage, la radio, un petit réfrigérateur, une bouilloire, la télévision et un téléphone portable.
En 2050, l’amélioration de ses conditions de vie, amorcée en 2030, se poursuit avec l’achat d’un four à micro-ondes, un accès à internet, un ordinateur portable, une tablette, d’autres téléphones et la ventilation.
Un mode de vie en harmonie avec son environnement
Au fil du temps, cette famille utilise de plus en plus des
énergies renouvelables (photovoltaïque, solaire thermique et méthanisation). Outre ses propres équipements, la famille recourt avec le temps de plus en plus des services collectifs et des objets manufacturés qui sont donc intégrés dans son bilan de consommation.
Evolution des émissions de dioxyde de carbone (en tonnes équivalent CO2) par personne de la famille amazonienne
Les émissions de gaz à effet de ce type de famille sont très faibles même si elles augmentent entre 2015 et 2050 en raison de l’
amélioration de ses conditions de vie. Ce bas niveau d’émission résulte à la fois du maintien d’un mode de vie autonome et de l’utilisation des énergies renouvelables pour les nouvelles consommations (électricité, production d’eau chaude, la réduction des consommations de bois de feu, malgré davantage de transport).
Pour réduire globalement de 30% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, le Pérou devra surtout compter sur la baisse des émissions de gaz à effet de serre des familles urbaines au niveau de vie aisé.