Cette famille ouvrière d’origine rurale s’est installée dans la périphérie de Canton, ville industrielle où il est facile de trouver un emploi. Le père travaille dans une usine manufacturière, la mère dans l’une des nombreuses usines textiles de la région. Ils ont des horaires importants, des cadences effrénées et pas de protection sociale. Néanmoins, les salaires ont récemment augmenté et des règles de sécurité encadrent désormais leur travail.

De condition très modeste, l’accès à la propriété et l’éducation des enfants sont au cœur de leurs préoccupations. Pour le moment, les enfants, encore étudiants, restent chez leurs parents, le temps de trouver une situation stable et un logement. La grand-mère n’est pas prise en charge par des systèmes de retraite, elle vit aussi avec eux.

Quelle transition énergétique pour cette famille ?

Les habitudes de consommation de cette famille varient d’une génération à l’autre. Les jeunes adultes aspirent à être à la pointe de la technologie et ont laissé un peu de côté les traditions, notamment pour l’alimentation et les déplacements.

Cette famille est préoccupée par l’amélioration de ses conditions de vie en contrepartie d’un travail très dur à l’usine. Ils ont donné la priorité à l’éducation de leurs enfants, en y consacrant beaucoup de leurs économies. Dans leur quotidien, la pollution de l’air et de l’eau inquiètent beaucoup cette famille.


Emissions de dioxyde de carbone (en tonnes équivalent CO2)
par personne de la famille ouvrière chinoise en 2015



En 2015, la famille ouvrière urbaine génère très peu de dioxyde de carbone et se situe à un niveau très inférieur à la moyenne nationale chinoise qui est de 7,2 t.

Pékin n’a pas fait connaître de façon détaillée ses émissions sur les gaz autres que le CO2. Si on compte le CO2 seulement, pour contenir le réchauffement climatique à 2°C en 2050, le chiffre plafond est de 1,1 t de CO2 par personne par an. La Chine est le premier pays émetteur de dioxyde de carbone depuis 2005. Rapporté à la population, les Américains émettent toutefois environ deux fois plus de CO2 que les Chinois.

La transformation de la Chine et le changement climatique


Emissions de CO2 par pays et par habitant

Si on considère les émissions globales de CO2 par pays, sur les 216 recensés, les trois pays les plus pollueurs sont la Chine, les Etats-Unis et l’Inde. L’Allemagne les talonne de près en 6e position, la France est placée en 17e position, l’Algérie en 34e position, le Pérou en 50e position et le Sénégal en 106e position.




Un logement confortable et durable


La famille possède un réfrigérateur, une télévision, un lave-linge, un chauffe-eau, une cuisinière et un ordinateur. La famille vit dans le sud de la Chine au climat subtropical. Peu de chauffage en hiver, mais une climatisation est appréciable pendant la mousson en été. Cette famille a donc besoin d’une ventilation pour avoir de la fraîcheur dans la journée entre mai et août. Pour réduire les dépenses d’électricité, le climatiseur fonctionne le soir et seulement trois heures par jour. Mais le taux élevé d’humidité provoquant des moisissures dans le logement et sur les vêtements, ils ont besoin d’un déshumidificateur deux fois par semaine.

En 2030, l’immeuble bénéficie de travaux pour réduire les surchauffes d’été. Des pare-soleil, une isolation de toiture et un système de ventilation plus efficace sont installés.

L’amélioration des technologies d’internet permet à cette famille d’être plus facilement connectée et d’être en contact plus étroit avec sa famille. Des applications facilitent la scolarité des enfants, améliorent le suivi de la santé et l’accès à des secours médicaux d’urgence, ce qui est très appréciable pour la grand-mère aussi.

Jusqu’à présent, la famille ne triait pas ses déchets. Les nouvelles réglementations lui imposent désormais de le faire.




En 2050, de vastes programmes de construction et de rénovation sont lancés pour faire face à l’essor démographique du pays. L’accès à la propriété est facilité par des prix moins élevés qu’auparavant. La famille quitte son logement pour une maison plus grande, et moins énergivore. Leur chauffe-eau est solaire, la cuisson et le chauffage sont au gaz.

Les systèmes de régulation thermique permettent un réglage fin de la température intérieure du logement ainsi qu’un contrôle de l’humidité grâce à un système d’autorégulation. Ce système permet de réduire les dépenses d’électricité. Une grande partie de la consommation d’électricité est produite par des modules photovoltaïques.




La Chine, bientôt leader mondial du solaire

L'Empire du Milieu investit massivement dans les énergies renouvelables et a développé au premier trimestre 2015 autant de capacité de production d’électricité solaire que toute la capacité existante de la France.



La majorité des panneaux solaires sont fabriqués par la Chine. Parmi les six plus importants fabricants de panneaux, cinq sont chinois. Le pays investit massivement dans les panneaux solaires et les implante désormais dans ses zones désertiques. La centrale solaire de Gao Tai est ainsi actuellement en construction dans le désert de Gobi, au nord-est du pays. Elle devrait atteindre 319 kilomètres carrés, soit trois fois la superficie de Paris et permettre d'approvisionner 1 million de personnes en électricité.





Des usines modernisées, un travail toujours peu qualifié




Les conditions de travail sont difficiles dans un pays qui concentre une très grande partie des capacités industrielles manufacturières du monde. Ils vont travailler à pied, ou prennent le bus de leur compagnie qui fait le ramassage des ouvriers.

En 2030, le développement des technologies de robotisation des équipements industriels soulage le quotidien des travailleurs manuels. Les rémunérations ont augmenté au fil du temps et les entreprises sont allées s’installer dans des pays où les salaires sont maintenant plus faibles. Cela a eu pour effet de réduire les opportunités d’emplois dans la province.



En 2050, les accords internationaux et les règlements nationaux concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre ont eu pour effet la fermeture de nombreuses vieilles usines. Celles qui utilisaient massivement du charbon sont remplacées par de nouvelles unités beaucoup plus mécanisées. Dépassés par ces nouvelles techniques les ouvriers sont reclassés dans leurs entreprises vers des activités nécessitant peu de formation, activités de recyclage des matières premières par exemple, ou d’amélioration des processus de fabrication.

Ils continuent d’utiliser le bus de leur entreprise. Maintenant, il s’agit d’un bus à gaz.



Une eau impropre à la consommation


Les niveaux de pollution de l’air à Canton sont moins élevés que dans la Chine du nord. Mais la qualité de l’eau est très mauvaise. L’eau du robinet est impropre à la consommation et les familles doivent acheter de l’eau en bouteille.

En 2030, la qualité de l’eau s’est améliorée avec la mise en place de mesures prises par les autorités. Les usines ont été contraintes de mettre en place des unités de recyclage de leur eau de fabrication afin de ne rien rejeter dans l’environnement. C’est le cas de l’usine textile où travaille la mère de famille. En parallèle, des stations d’épuration comportant une unité de méthanisation ont été installées pour traiter les déchets organiques et ceux issus des activités industrielles qui sont biodégradables.





Le fléau de la pollution des eaux chinoises

La pollution atmosphérique n’est pas le seul défi auquel la Chine doit faire face. La pollution de l’eau -nappes phréatiques, fleuves, rivières - atteint des proportions alarmantes et représente un enjeu majeur de santé publique. Les chiffres cités dans un rapport publié en novembre 2013 par le Programme des Nations unies pour l'environnement, intitulé « La longue marche verte de la Chine », donnent le tournis : Deng Fei, journaliste à Phoenix TV, une chaîne de télévision indépendante basée à Hong Kong, a mené en 2013 sur Sina Weibo, le Twitter chinois, une campagne de sensibilisation pour contraindre les autorités à réagir. Des centaines d’internautes lui ont envoyé des photos témoignant de la pollution des cours d’eau. (http://weibo.blog.lemonde.fr/2013/03/19/cours-deau-en-peril-en-chine/)



Depuis des décennies, la pollution s’est accumulée dans les nappes phréatiques et la famille n’a toujours pas confiance dans le niveau effectif de potabilité de l’eau du robinet. Elle continue à boire de l’eau en bouteille.

En 2050, avec la réduction du nombre d’usines très polluantes, il y a eu une forte diminution de la pollution des eaux, mais le développement des installations de traitement n’est pas encore achevé pour garantir une eau potable en permanence.



Des déplacements restreints


La famille a une petite voiture d’occasion, qu’elle utilise surtout pour rendre visite aux membres de la famille et faire certaines démarches. Jusqu’en 2030, au quotidien la famille se déplace essentiellement en bus. En 2050, la famille utilise des véhicules en autopartage (hybrides rechargeables sur une prise).

Evolution de l’usage du mode de transport
(Emissions de gaz à effet de serre en kg équivalent CO2 par famille)


Voiture, bus
Travail : 970 kg
Loisirs, vacances : 373 kg

Voiture, bus
Travail : 456 kg
Loisirs, vacances : 194 kg

Bus, voiture en autopartage
Travail : 302 kg
Loisirs, vacances : 177 kg


Une famille tributaire des engagements de son pays


Cette famille a un mode de vie modeste, très sédentaire et habite le sud du pays où les besoins thermiques sont faibles. Elle améliore ses conditions de vie et son régime alimentaire, ce qui augmente légèrement ses émissions de dioxyde de carbone en 2030.

Cette famille d’ouvriers urbains subit quotidiennement la pollution de l’air et plus encore la pollution de l’eau, fréquente dans les villes industrielles chinoises. L’effort qu’elle réalise pour réduire ses émissions de CO2 est efficace. Mais il est amoindri par la quantité toujours importante générée par l’industrie lourde qui pèse pour moitié dans le bilan carbone de cette famille modeste. La réduction de ces pollutions va de pair avec la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la réduction des consommations de combustibles fossiles, le traitement des déchets, le recyclage des matières premières.


Evolution des émissions de dioxyde de carbone (en tonnes équivalent CO2)
par personne de la famille ouvrière chinoise

Graphique : Emissions de gaz à effet de serre par personne pour la famille aisée urbaine


La Chine est aujourd’hui le plus gros émetteur au monde de gaz à effet de serre. Dans sa contribution, elle a annoncé qu’elle continuerait à utiliser le charbon jusqu’en 2030, date à laquelle elle enclenchera une diminution de ses émissions et s’orientera principalement vers des ressources énergétiques renouvelables.

La réduction des émissions de gaz à effet de serre pourra être obtenue pour cette famille par :
Les politiques publiques nécessaires à l’amélioration des conditions de vie de cette famille :