Cette famille est habituée à un mode de vie dispendieux : une maison spacieuse, des équipements ménagers de grande capacité énergivores et surtout des consommations importantes liées au transport.

Ils doivent parcourir des distances importantes dans un territoire à faible densité de population avec des véhicules de grande taille consommant des quantités importantes de carburant. D’autant que dans ce pays le prix du galon d’essence (3,78 litres) est très bas.

Les enfants vivent toujours chez leurs parents. Le fils aîné va bientôt reprendre la gestion de la ferme et succéder progressivement à son père. Ils conçoivent leur activité agricole dans une perspective de croissance à travers des échanges libéralisés dans la compétition mondiale. Mais tant leur mode de vie que leur conception de l’agriculture ne pourront pas indéfiniment s’affranchir des enjeux planétaires climatiques au nom de l’« American Way of Life ».

Quelle transition énergétique pour cette famille ?

Cette famille d’agriculteurs est confrontée aux effets du changement climatique et aux variations météorologiques accrues constatées, rendant plus difficile le métier de fermier : sécheresses, tornades. Il faut désormais qu'ils envisagent de changer leurs pratiques agricoles pour réduire les besoins en eau. De même, cette famille devra prendre en compte une montée des exigences sanitaires concernant son activité et donc la réduction des traitements en agriculture.

Néanmoins, les parents très attachés à leur mode de vie s’opposent fortement à toute limitation de leurs consommations et rechignent à changer de mode d’agriculture, qui est fort rémunérateur. D’ailleurs, ils ne connaissent guère les évolutions possibles.

Emissions de dioxyde de carbone (en tonnes équivalent CO2) par personne de la famille d’agriculteurs américains en 2015



Les Etats-Unis n’ont pas fait connaître de façon détaillée leurs émissions sur les gaz autres que le CO2. Si on compte le CO2 seulement, pour contenir le réchauffement climatique à 2°C en 2050, le chiffre plafond est de 1,1 t de CO2 par personne par an.

Leurs émissions de gaz à effet de serre sont très importantes, à la fois du fait de leurs consommations directes et du système énergétique et agricole du pays.

Un système énergétique dépendant des combustibles fossiles

Emissions de CO2 par pays et par habitant


Si on considère les émissions globales de CO2 par pays
, sur les 216 recensés, les trois pays les plus pollueurs sont la Chine, les Etats-Unis et l’Inde. L’Allemagne les talonne de près en 6e position, la France est placée en 17e position, l’Algérie en 34e position, le Pérou en 50e position et le Sénégal en 106e position.




L’activité agricole de cette famille

Le père s’est engagé depuis longtemps dans une course à la productivité et à la rentabilité. Il suit maintenant aussi les cours de la bourse pour vendre ses récoltes de céréales sur le marché de Chicago et de son bétail sur celui de Kansas City. Leur agriculture, très mécanisée, est totalement tournée vers la vente à l’extérieur.

Dès que le fils aîné a fini ses études, il a obtenu de son père de prendre en charge une partie des terres pour y appliquer ses conceptions. Cela occasionne des débats fréquents dans la famille, avec une opposition forte entre le père et le fils. Celui-ci a suivi une formation d’agronome et a fait des stages à l’étranger. Mais si le contexte économique reste favorable aux orientations de son père, il sent bien que les enjeux environnementaux sont tels, que ce modèle devra évoluer. Il compte bien, quand il aura repris l’exploitation de la ferme, s’orienter vers une agriculture avec moins d’engrais, moins de traitements chimiques.


Sources : FAO, EPA


Le jeune agriculteur a commencé par organiser un recyclage de la matière organique et pratique désormais l'association de plusieurs cultures sur une même parcelle pour éviter de laisser le sol nu après récolte. Pour lui le sol est un substrat vivant, et non un support inerte qui n’est productif qu’à partir de doses fortes d’engrais. Il a aussi mis en place une installation de méthanisation qui utilise notamment le lisier de l’étable.




Méthanisation avec les déchets agricoles
Basée sur un processus naturel de dégradation de la matière organique, la méthanisation permet d'obtenir un mélange gazeux, principalement constitué de gaz méthane. Des déchets d'agriculture, du fumier, du lisier, des carcasses d'animaux sont introduits dans une cuve cylindrique étanche, un « digesteur ». Pour qu'ils fermentent, ils sont privés d'oxygène et maintenus à une température d'environ 50°C.

De la même façon que dans un estomac de ruminant, des bactéries décomposent ces matières riches en carbone. Ce processus de digestion des déchets produit un biogaz, le gaz méthane convertible en énergie et un résidu solide ou liquide appelé digestat, utilisable comme fertilisant.





L’agriculture et le changement climatique

Les changements climatiques sont clairement perceptibles. Ce qui était des exceptions se reproduit de plus en plus souvent. Les étés sont devenus beaucoup plus secs, rendant la période de fin de culture des céréales problématique, car leur période de maturation est parfois bloquée par la sécheresse, ce qui fait chuter les rendements. Les hivers sont eux plus humides. Les vents sont plus forts et font verser les récoltes.



L’adaptation aux changements climatiques devient une obligation pour cette exploitation. Cela passe essentiellement par la sélection de plantes mieux résistantes à la sécheresse.

L’agriculture face au changement climatique



Valoriser les énergies renouvelables

Cette famille d’agriculteurs a de nombreuses possibilités pour valoriser les énergies renouvelables. Participer à la production des ces énergies renouvelables est financièrement intéressant aux Etats-Unis, le pays devant fortement réduire ses émissions de gaz à effet de serre à partir des centrales électriques utilisant du charbon ou du gaz.

Les fermiers utilisent plusieurs installations pour produire de l’électricité :

Une partie de la culture du maïs est utilisée dans une installation de raffinage de l’Etat pour produire de l’éthanol comme carburant ajouté dans l’essence pour les voitures. La ferme cultivant aussi un peu de colza, le fils aîné a voulu que l’huile, une fois extraie de celui-ci, serve de carburant pour les machines agricoles.




Le logement et la transition énergétique



La famille vit dans une maison de 200 m² construite dans les années 1980. En 2020, au moment du renouvellement de leur chaudière, ils sont passés à un chauffage par pompe à chaleur à air . Celle-ci assure à la fois les besoins de chauffage en hiver et de rafraichissement l’été, car les étés sont souvent caniculaires dans cette partie des Etats-Unis. En même temps, ils ont fait réaliser une très bonne isolation de leur maison, en respectant les normes des bâtiments basse consommation (BBC).

La production d’eau chaude sanitaire qui était assurée par un chauffe-eau à gaz l’est maintenant à partir d’un capteur solaire avec un appoint par un chauffe-eau thermodynamique (c’est-à-dire avec une pompe à chaleur).




Une evolution des transports tres lente

Cette famille doit parcourir des distances importantes dans un territoire à faible densité de population avec des véhicules de grande taille consommant des quantités importantes de carburant. En 2015, ces fermiers ont deux voitures à essence, en dehors de la camionnette utilisée pour l’exploitation agricole. En 2030, ils possèdentune berline routière à essence hybride rechargeable (sur le réseau électrique) et une voiture à gaz, elle aussi hybride rechargeable.

Ils prennent plusieurs fois l’avion chaque année pour des visites familiales couplées avec des vacances. Il n’est guère facile de prendre des vacances quand on gère une exploitation agricole.

Entre 2030 et 2050, cette situation n’évolue guère, car il n’y a guère de solution possible de changement de mode de transport. Les améliorations résultent du seul renouvellement des véhicules. Au fil des ans ils deviennent plus performants tout en émettant moins de gaz à effet de serre, le mode hybride permettant de consommer moins de carburant et plus d’électricité.


Evolution de l’usage du mode de transport
(Emissions de gaz à effet de serre en kg équivalent CO2 par famille)

Deux voitures à essence, une camionnette
Travail : 1 548 kg
Loisirs, vacances : 548 kg

Une berline routière à essence hybride, une voiture à gaz, avion
Travail : 276 kg
Loisirs, vacances : 236 kg

Une berline routière à essence hybride, une voiture à gaz, avion
Travail : 112 kg
Loisirs, vacances : 157 kg

Le bilan énergétique de l’exploitation et ses émissions ne sont pas imputés à cette famille, mais pris en compte dans l’évolution de l’ensemble du secteur agricole (et donc réparti dans l’ensemble de la population).




Une transition énergétique sur la bonne voie


Cette famille réussit à diviser par trois ses émissions de gaz à effet de serre en 2050. Elles restent néanmoins à un niveau nettement supérieur à celui qui permettrait d'éviter un réchauffement climatique supérieur à 2°C.


Evolution des émissions de dioxyde de carbone (en tonnes équivalent CO2) par personne de la famille d’agriculteurs américains

Graphique : Emissions de gaz à effet de serre par personne pour la famille aisée urbaine


La réduction des émissions de gaz à effet de serre est difficile à réaliser aux Etats-Unis.
Si des progrès très importants sont accessibles pour les émissions liées aux bâtiments (chauffage essentiellement), par une production d’électricité massivement assurée à partir des énergies renouvelables, des points de blocage restent importants dans d’autres domaines. La voiture est notamment indispensable dans ce pays d’une superficie importante. L’inexistence d’un réseau de trains à grande vitesse, fait de l’avion le seul transport en commun possible aux Etats-Unis, compte tenu de la superficie du pays et des grandes distances à parcourir.

La réduction des émissions de gaz à effet de serre pourra être obtenue pour cette famille par :


Toutes ces évolutions pourront être amorcées après 2010 et monter en puissance pour 2030 et 2050.