Petit pays méconnu d'Amazonie, le Suriname, qui fut une ancienne colonie néerlandaise, est devenu, quelques années après son indépendance en 1975, une plateforme majeure du trafic transcontinental de la cocaïne entre l'Amérique du Sud et l'Europe.
Sa position sur la façade atlantique, la présence d'une importante communauté surinamienne aux Pays-Bas, et l'implication de hauts responsables de l'armée du Suriname ont permis aux cartels de s'ouvrir aux marchés européens de la drogue. Dans les années 1990, 60% de la cocaïne en circulation en Europe a transité par ce pays. Cette activité a connu des hauts et des bas. Mais elle est aujourd'hui encore significative et mobilise toujours les services antidrogues internationaux.
Enquête sur le narcotrafic au Suriname, à la croisée d'une histoire politique singulière.
Paramaribo, 25 février 1980, la petite capitale amazonienne du Suriname est sous tension, l’armée vient de prendre le pouvoir en renversant le gouvernement civil de cette jeune république, indépendante depuis à peine cinq ans.
Les auteurs du putsch sont une douzaine de sergents en conflit depuis des semaines avec leur hiérarchie et avec le Premier ministre Henck Arron à propos d’un différend sur leurs conditions de travail. Le conflit va s’envenimer et incarnera progressivement les insatisfactions d’une jeune génération face à un pouvoir qu’elle juge déjà usé et incapable de porter les aspirations et les rêves de la nouvelle nation. A la tête de cette « révolution des sergents », un homme, le sergent-major Désiré Délano Bouterse, surnommé Dési Bouterse, se distingue et va rapidement devenir l’homme fort du pays.
Il y a eu quelque chose que l’on veut cacher…”
Le président, Johan Ferrier, reste en place, mais il refuse de reconnaître le gouvernement civil de Henk Chin A Sen que lui impose la junte. La situation se durcit et le 13 août 1980, Dési Bouterse fait un deuxième coup d’Etat, proclame l’Etat d’urgence, dissout le Parlement et remplace Johan Ferrier par Henk Chin A Sen à la tête de l’Etat.
Les Pays-Bas reconnaissent le gouvernement et soutiennent le président, qui reste un civil, en espérant influer sur les militaires. Mais la junte installe progressivement un régime dictatorial de plus en plus sévère. Les partis d’opposition sont interdits, la presse muselée, un couvre-feu imposé, la répression et les arrestations arbitraires deviennent la norme.
En politique étrangère, Dési Bouterse annonce une politique de non-alignement et tisse des liens avec Cuba, la Libye et avec les sandinistes du Nicaragua. Les Américains coupent leur aide au Suriname. Le 4 février 1982, Henk Chin A Sen est destitué. Dési Bouterse, à la tête du Conseil militaire national, impose la loi martiale.
Dési Bouterse se rapproche d’autres pays non-alignés de la région et tisse des liens privilégiés avec Maurice Bishop le président de la Grenade, qu’il invite au Suriname. Une visite qui sera lourde de conséquences.
Il ne faut pas que tu laisses passer ce genre de choses ! ”
Dans la nuit du 7 au 8 décembre 1982, 16 personnalités de l’opposition (juristes, syndicalistes, journalistes, professeurs d’université…) sont rassemblées à Fort Zeelandia, une ancienne forteresse néerlandaise située à la sortie de la capitale. Dans la journée du 8 décembre, 15 sont exécutées par la junte, dont deux anciens putschistes, Rambocus et Sheombar, jugés en novembre 1982 pour avoir cherché à restaurer le pouvoir légitime qu’ils avaient renversé avec Dési Bouterse.
Bouterse a tué de ses propres mains trois personnes”
« Les assassinats de décembre » traumatisent durablement la population du Suriname. Des années plus tard, un long procès au Suriname va tenter de juger les responsables de ces assassinats, mais le procès n’aboutira pas, suite à une loi d’amnistie, fortement contestée, votée par le Parlement en 2012. Durant le procès, Dési Bouterse reconnaîtra sa « responsabilité politique » dans ces assassinats.
Ces exécutions provoquent de vives réactions à l’étranger. Les Pays-Bas rompent momentanément leurs relations diplomatiques et suspendent leur aide au développement.
En pleine guerre froide, les Etats-Unis suivent de très près les positionnements des pays de la région. Ils craignent une expansion communiste. Des rapports de la CIA signalent d’importants projets d’implantation des Russes et des Cubains au Suriname. Le pays dispose d’une position stratégiquement intéressante sur l’Atlantique et pourrait être utilisé par des sous-marins soviétiques. Le président Ronald Reagan s’en inquiète à plusieurs reprises, et des opérations sont envisagées pour renverser le président Bouterse.
La CIA a programmé de les attaquer, de les envahir”
En octobre 1983, les Américains envahissent militairement Grenade. Dési Bouterse, probablement soucieux d’éviter un scénario comparable au Suriname, coupe alors immédiatement ses liens avec Cuba.
En parallèle de l’histoire politique, à partir de 1982, des rumeurs de plus en plus persistantes indiquent que le Suriname est devenu un pays de transbordement majeur pour la cocaïne colombienne. De par sa situation géographique, sur la façade atlantique de l’Amérique du Sud, et de par l’existence d’une importante diaspora aux Pays-Bas, le Suriname est effectivement une porte d’accès idéale vers l’Europe. De plus, son positionnement au sud de l’arc Caraïbe en fait aussi un point de diffusion intéressant pour le narcotrafic à destination des Etats-Unis.
C’était free for all”
La première preuve de l’existence d’un trafic de cocaïne entre la Colombie et le Suriname est apportée en 1983 par Jules Sedney, le président de la Banque centrale du Suriname qui doit se réfugier aux Pays-Bas après avoir refusé d’opérer un dépôt de 50 millions en provenance du cartel de Medellín.
Le cartel de Medellín rassemblera, à partir de la ville de Medellín en Colombie, les grands noms du trafic de cocaïne de l’époque : les frères Ochoa, Gonzalo Rodriguez Gacha, Carlos Lehder et Pablo Escobar. Le cartel deviendra, entre 1976 et 1992, le plus grand réseau de narcotrafiquants du monde. Le cartel exportera sa production de cocaïne principalement aux Etats-Unis et en Europe via, notamment, le Suriname. Il génèrera des milliards de dollars et provoquera la mort de plusieurs milliers de personnes.
Roberto Escobar, alias « El Osito » (l’ourson) fut le véritable ministre des Finances du cartel de Medellín. Dans ses mémoires et dans différentes interviews qu’il accorde depuis sa libération de prison, il raconte assez volontiers contre beaucoup d’argent l’histoire du cartel. Il a même créé un musée à Medellín dans une maison où vivait son frère Pablo Escobar, alias « El Doctor » (le docteur) pour lui rendre hommage. Là, il y évoque les voyages et les rencontres que lui et son frère Pablo ont eus avec des gouvernements et des politiciens de haut rang, dans toute l’Amérique centrale et du Sud. Il indique qu’ils étaient, au début des années 1980, fréquemment les invités du régime militaire au Suriname.
Une période durant laquelle le trafic va s’organiser entre la Colombie et les Pays-Bas, via le Suriname, par l’intervention d’un Surinamien surnommé « le danseur » qui sera basé aux Pays-Bas.
Envahir l’Europe de cocaïne”
Pour l’ancien ministre néerlandais Jan Pronk, comme pour beaucoup d’observateurs étrangers, le Suriname est « alors sur une voie désastreuse ».
Le commerce de la drogue était déjà aux mains de ceux qui ont commis le coup d’Etat”
En 1985, exaspérés notamment par le développement du trafic de drogue, les Pays-Bas vont monter une opération piège dans les Caraïbes pour arrêter à l’étranger, en flagrant délit, Dési Bouterse, que les services de renseignements signalent comme le responsable du trafic.
Dick Stotijn, le « danseur » (voir chapitre 1), qui collabore secrètement avec les Néerlandais, est chargé d’organiser une réunion, à Curaçao, (un territoire autonome néerlandais situé sur une île au nord du Venezuela), avec les responsables du trafic surinamien. Dési Bouterse ne se déplace pas et envoie son bras droit, le capitaine Etienne Boerenveen. La police néerlandaise et le « danseur » recevront l’ordre de tout arrêter. Pour le journaliste Hans Buddingh, qui a enquêté sur cette histoire, « les Pays-Bas ont stoppé cette opération en dernière minute pour des raisons politiques, les Hollandais ont trouvé que c’était trop sensible d’aller contre Bouterse, les Pays-Bas ont préféré laisser agir les Américains qui ont alors monté l’opération Under Cover à Miami ».
Un agent infiltré de la Drug Enforcement Administration, la DEA, se fait passer pour un importateur de cocaïne et fait venir à Miami le commandant Etienne Boerenveen pour monter un trafic entre l’Amérique du Sud et Miami sur des vols de Suriname Airways. Etienne Boerenveen aurait demandé un million de dollars par vol pour la cocaïne transportée.
D’après les policiers, bien que Etienne Boerenveen soit le bras droit de Bouterse, il est jeune et ne prend aucune initiative sans en référer à son chef et prendrait ses ordres par téléphone.
Don’t forget about the money (N’oublie pas l’argent !)”
L’agent de la DEA, Kenneth B. Peterson pour qui « l’objectif principal était Bouterse », raconte que le 25 février 1986, Ricardo Heymans, le directeur des ventes de Suriname Airways à Miami lui garantit une protection au Suriname pour les avions transportant la drogue aux Etats-Unis rajoutant que « la protection viendra des gens au plus haut niveau du gouvernement, comme le président ».
Une dernière rencontre entre les narcotrafiquants se passe sur un bateau à Miami pour finaliser le projet. À cette occasion les protagonistes, qui n’ont échangé que par le biais d’intermédiaires, se rencontrent pour la première fois et cherchent à obtenir des garanties. À bord du bateau se trouve les acheteurs (4 hommes, qui sont en réalité des agents de la DEA) et les fournisseurs Surinamiens qui sont Cilvion Heymans (le représentant de la compagnie Surinam Airways à Miami), son fils Ricardo Heymans et Etienne Boerenveen (présenté comme le numéro deux du régime militaire du Suriname).
La DEA, qui enregistre toutes les tractations, a équipé discrètement le bateau de micros et de caméras.
Le but recherché par l’opération est de faire venir Dési Bouterse à Miami et de l’arrêter en flagrant délit, mais Dési Bouterse ne viendra pas et à l’issue de cette dernière réunion le 26 mars 1986, les agents de la DEA mettent un terme à l’opération et les Surinamiens présents sont arrêtés.
Etienne Boerenveen est jugé et condamné en Floride à 12 ans de prison pour avoir tenté de monter une filière de cocaïne entre Miami et le Suriname et il y purge sa peine.
Mais après 4 ans de prison, il est libéré pour « bonne conduite » et rentre au Suriname !
Les Pays-Bas soupçonnent les Américains d’avoir passé un accord avec Dési Bouterse.
De retour au Suriname, Etienne Boerenveen aurait été promu deux semaines plus tard chef d’Etat-major de la Défense au ministère de la Défense.
D’après certaines sources, le gouvernement néerlandais, dirigé à l’époque par le Premier ministre Ruud Lubbers, aurait planifié une opération d’invasion du Suriname avec l’aide des Américains pour renverser Dési Bouterse.
Les Pays-Bas auraient envisagé d’envoyer 850 soldats au Suriname avec un appui aérien et maritime des Américains pour cette opération. D’après ces mêmes sources, le projet était déjà dans une phase de préparation active (les services secrets ayant déjà envoyé des agents sur place pour identifier les cibles), quand finalement les Pays-Bas ont renoncé, estimant, entre autres, que le risque de pertes pourrait être trop élevé. Les Américains, de leur côté, se seraient dit sceptiques sur sa réussite et la demande d’assistance militaire américaine faite par les Pays-Bas aurait été rejetée.
Il y a eu un plan d’invasion en 1986-87, lorsque j’étais parlementaire.”
En 1984, Dési Bouterse se fâche avec son garde du corps, un certain Ronnie Brunswijk, qui est alors « licencié » de l’armée.
Ronnie Brunswijk devient en 1985 un personnage populaire surnommé « Robin des bois » qui incarne pour la communauté « marron » une certaine forme de résistance à la junte.
En 1986, un leader de l’opposition en exil, André Haakmat aurait fait venir Ronnie Brunswijk aux Pays-Bas pour lui proposer de prendre la tête d’un mouvement armé de lutte contre la dictature. Le 1er juillet 1986 « l’armée de libération » est créée.
Ronnie Brunswijk qui est un « marron » d’origine Ndjuka, va rassembler des jeunes de sa communauté qui souffrent de la répression militaire. Ensemble, ils attaquent un poste militaire en forêt à Stolkertsijver et font une douzaine de prisonniers. Fort de ce premier fait de guerre, ils prennent le nom de « Jungle Commando », s’attribuent des surnoms guerriers et Ronnie Brunswijk se fait appeler « Roméo Bravo ».
Cet événement marque le début de « la révolte des marrons », une guerre civile qui va durer de 1986 à 1992.
Les combats vont se multiplier et feront de nombreuses victimes civiles parmi les populations « marron ».
C'est le massacre le plus gros en ampleur de cette période”
Clémence Léobal, sociologue à l’université Paris-Descartes, auteure de Saint-Laurent du Maroni : une porte sur le fleuve, évoque le massacre de Moiwana, un épisode tragique de cette guerre condamné par la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme.
Des mercenaires recrutés dans les réseaux anticastristes soutiendront les marrons, certains parlent de soldats libyens que Kadhafi aurait envoyés à Dési Bouterse.
Tout cela se passe de l’autre côté du fleuve Maroni qui fait office de frontière avec la Guyane française, non loin de la base spatiale de Kourou, et la France, très préoccupée par la question des réfugiés, va devenir une puissance de médiation.
La France organise des négociations entre les deux belligérants”
Le trafic de drogue continue pendant la guerre et devient un enjeu préoccupant, qui amène les acteurs de la négociation des accords de Kourou à intégrer un article sur ce point dans les accords. Le point VI dans lequel il est spécifié que « le gouvernement et les Jungle Commando signalent le danger de la drogue pour la communauté surinamienne et soulignent l’importance de l’effort et de la coopération internationale dans la lutte contre la drogue ».
Ça commençait à devenir une guerre entre Brunswijk et Bouterse”
En mars 1990, Dési Bouterse fait arrêter Ronnie Brunswijk pour trafic de drogue.
Ce dernier se défend en affirmant que la cocaïne vient d’un avion bourré de drogue colombienne que ses hommes ont intercepté près de Morengo et accuse Dési Bouterse de détourner l’attention pour se laver des accusations qui pèsent sur lui.
Mais pour d’autres observateurs, comme le spécialiste Alain Labrousse, Ronnie Brunswijk pouvait aussi avoir financé sa rébellion en taxant les trafiquants de drogue qui faisaient escale sur son territoire.
Il faudra attendre le retour des civils au pouvoir et l’arrivée du président Ronald Venetiaan pour qu’un accord définitif avec les Jungle Commando mette un terme à la guerre en 1992.
Les services de renseignements occidentaux estiment que 60% de la cocaïne qui arrive sur le port néerlandais de Rotterdam, l’un des plus grands centres de distribution de stupéfiant d’Europe, provient du Suriname.
Aux Etats-Unis, le sous-comité des relations étrangères du Sénat sur le terrorisme, les stupéfiants et les opérations internationales, présidé à l’époque par le Sénateur du Massachusetts, John Kerry, étudie les allégations selon lesquelles Dési Bouterse utilise la BCCI (la Banque de Crédit et de Commerce international) pour blanchir des millions de dollars provenant des profits de la drogue.
En septembre 1990, selon le quotidien néerlandais NRC Handelsblad , la police de La Haye aurait réalisé des écoutes téléphoniques sur un cartel colombien, qui mentionneraient à plusieurs reprises le nom de Dési Bouterse.
Suite à des élections en 1987, le Suriname connaît une transition vers un régime démocratique. Dési Bouterse reste durant cette période chef des armées. Mais, le 24 décembre 1990, les militaires, mécontents du gouvernement, renversent à nouveau le pouvoir, promettent des élections.
Protéger les intérêts de la cocaïne”
Finalement, des élections sont organisées en 1991 et amènent au pouvoir Ronald Venetiaan. Dési Bouterse est contraint de démissionner et quitte la tête des forces armées.
Ici c’est le centre d’un réseau international de cocaïne”
En 1992, le ministre de la Justice des Pays-Bas crée la COPA (Colombie-Paramaribo), une unité de police spécialement chargée de lutter contre les trafiquants de cocaïne du Suriname. Le travail d’enquête, d’écoute et de surveillance réalisé par la COPA jour et nuit pendant plus de huit ans permettra de fournir une information extrêmement documentée qui servira à instruire le procès par contumace de Dési Bouterse par le Tribunal de La Haye aux Pays-Bas en 1999.
Le président Venetiaan entreprend de modifier la Constitution qui donne trop de pouvoir aux militaires et fait un discours aux Nations unies, le 24 septembre 2008, où il déclare : « Le Suriname est aussi victime du mal que provoque le trafic et l’utilisation de drogues illicites… La restauration de la démocratie au Suriname passe par l’élargissement et l’intensification de la coopération internationale, c’est une exigence de base ». La DEA est autorisée à envoyer une équipe au Suriname pour évaluer la situation.
La mort de Pablo Escobar, le 2 décembre 1993, marque la fin du cartel de Medellin, mais pas la fin du trafic. Les alliances se recomposent et le cartel de Cali, du nom d’une autre ville colombienne, prendra, pour un temps, le relais. La Colombie restant le principal opérateur parmi les pays producteurs de plants de coca que sont la Colombie, le Pérou et la Bolivie.
Il y avait beaucoup de trafic entre la Colombie et la jungle surinamienne”
Ce qu’on appelle le Suri-cartel (Suri pour Suriname) est le résultat d’une autre alliance avec le Brésil. D’après les services brésiliens en charge de la lutte contre les narcotrafiquants, le cartel est né de la rencontre d’un Brésilien Léonardo Dias Mendoça (un ancien exploitant de mine d’or) et de hauts fonctionnaires surinamiens. Le cartel va mettre en place à partir de 1993 un trafic de cocaïne entre la Colombie et le Suriname via le Brésil. Ses organisateurs conviendront d’un prix de référence pour le partage des gains de 2500 dollars pour chaque kilo de cocaïne. Un trafic qui va démarrer en 1993 à raison de 3 à 4 vols par mois, chaque vol pouvant transporter jusqu'à 200 kg de cocaïne pure.
Le trafic consiste alors à transporter en avion des armes et des munitions du Suriname vers la Colombie sur « Barranco minas », un petit village à la frontière de la Colombie et du Venezuela, contrôlé par le Front 16 des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), contre un chargement retour en cocaïne qui repart vers le Brésil et le Suriname.
D’après le rapport 1999 de l'International Narcotics Control Strategy du département d’Etat, ce trafic « armes contre cocaïne » est, à cette période, en augmentation et peut se négocier sur la base « d’un kilo de cocaïne pour une arme automatique ». Le rapport ajoute à propos du Suriname qu’« il y a des rapports inquiétants de blanchiment d’argent, de trafic de drogue et d’activités criminelles connexes qui impliquent le gouvernement actuel et les responsables militaires ».
D’après le Miami Herald du 12 septembre 1999, la police brésilienne saisit, mi-août 1999, un avion, un bimoteur Piper Seneca, chargé d’armes (lance-roquettes, AK-47, pistolets mitrailleurs Uzi et de nombreuses munitions dans des boîtes en bois avec un marquage des forces armées libyennes). L’avion, à destination de la Colombie, avait chargé des armes au Suriname pour les livrer aux FARC.
À travers le Suri-cartel, Léonardo Dias Mendoça devient, au Brésil, le fournisseur de la cocaïne vendue par l’organisation « Fernandinho Beira-mer » qui alimentera toutes les favelas de Rio, Sao Paulo et bien d’autres villes. Il sera arrêté en 1999. Sa fortune personnelle est alors estimée par la police brésilienne à 500 millions de Reales (soit plus de 413 millions de dollars américains en 1999). Depuis sa prison, durant la période 2000 à 2009, il continuera à contrôler le trafic.
Le 7 août 1997, Interpol lance, à la demande des Pays-Bas, un mandat d’arrêt international à l’encontre de Dési Bouterse. Il est accusé d’être à la tête d’un réseau de trafic de cocaïne et d’envoi de drogue vers les Pays-Bas.
Depuis les dernières élections de 1996, le Suriname a un nouveau président civil, Jules Wijdenbosch, qui est un proche de Dési Bouterse. Malgré les poursuites engagées contre lui, Dési Bouterse est décoré des plus hautes distinctions du Suriname.
D’après l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS), en France, le Suriname est en 1999 le deuxième pays le plus important pour le transit de la cocaïne en Amérique du Sud, avant le Venezuela et après le Brésil.
Le 22 mars 1999, s’ouvre à La Haye, aux Pays-Bas, le procès par contumace de Dési Bouterse, accusé de trafic de drogue. Il sera condamné, le 30 juin 2000, à 11 ans de prison par la cour d’appel de La Haye.
Ronnie Brunswijk, qui s’est lancé en politique depuis plusieurs années, est aussi condamné par contumace par les Pays-Bas à 6 ans de prison et un mandat d’amener international est lancé contre lui pour le même motif, ce qui ne l’empêche pas de devenir député au Suriname.
En 2001, des élections anticipées sont remportées par Ronald Venetiaan, qui est réélu en 2005 contre le candidat Dési Bouterse, qui tente de reprendre le pouvoir par le chemin des urnes.
Ronald Venetiaan reprend la lutte contre les narcotrafiquants dans un pays fortement corrompu.
La drogue, elle est passée du monde souterrain au monde bien visible”
Ronald Venetiaan nomme le chef de la police du Suriname Chan Santokhi, ministre de la Justice. Chan Santokhi est un policier dont le travail contre les narcotrafiquants est reconnu au niveau international : il est surnommé « le Shérif » par Dési Bouterse.
À l’époque, le Suriname avait une mauvaise réputation, car il était un pays de transit important.”
Les années Venetiaan permettront de diminuer de manière significative le trafic de drogue au Suriname, qui se déplacera momentanément vers le Guyana.
En 2002, Dino Bouterse, le fils de Dési Bouterse, est dans le collimateur de la justice de son pays. Il est accusé d’avoir volé des armes à l’armée, pour, disent certains, payer une dette sur une livraison de cocaïne aux FARC colombiens.
Il avait déjà été soupçonné par la police brésilienne, à l’époque où il travaillait à l’ambassade du Suriname au Brésil, d’être un relais pour le narcotrafiquant Léonardo Dias Mendoça.
Le 11 août 2005, la justice du Suriname le condamne à huit ans de prison pour avoir dirigé un gang de trafiquants d’armes et de cocaïne, il sera écroué mais libéré trois ans plus tard pour « bonne conduite ».
Son père le nommera en 2010 « directeur de l’Unité antiterroriste du Suriname ».
Shaheed Roger Khan, surnommé par les Américains « le Pablo Escobar des Caraïbes », le plus puissant baron de la drogue du Guyana (pays voisin du Suriname) est arrêté le 15 juin 2006 à Paramaribo par Chan Santokhi qui le fait transférer à Trinidad & Tobago, craignant une tentative d’évasion au Suriname. Roger Khan est finalement transféré de Trinidad aux Etats-Unis où il sera condamné en 2009 à une peine de 40 ans de prison. L’affaire du transfert de Roger Khan à Trinidad déclenche une bagarre politique avec Dési Bouterse qui s’oppose à ce transfert.
En 2011, des câbles de l’ambassade des Etats-Unis, révélés par WikiLeaks, décrivent « les liens sociaux et opérationnels entre Roger Khan et Dési Bouterse entre 2005 et 2006 ». Les câbles révèlent de très nombreux échanges téléphoniques entre les deux hommes et d’autres témoignages confirmeraient qu’ils se sont plusieurs fois rencontrés. Selon Hans Buddingh, des câbles révèleraient également des projets d’assassinats politiques contre des personnalités du Suriname.
Bouterse voulait, avec des mercenaires, assassiner le président”
Dési Bouterse conteste toutes les accusations à son encontre. Il ne se présentera pas au procès de 2007 au Suriname, sur l’affaire des « assassinats de décembre » (de 1982), mais reconnaîtra sa responsabilité « politique » dans ces événements. Le procès n’aboutira pas suite à la loi d’amnistie de 2012, votée deux ans après son élection. Au Suriname, il sera donc lavé de tous les crimes dont il est accusé.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, Dési Bouterse finit par faire la paix avec son ennemi de toujours, Ronnie Brunswijk. Ensemble, ils unissent leurs forces politiques pour prendre le pouvoir et nomment cette alliance la « Méga combinatie » (la méga combinaison). Et effectivement, le 25 mai 2010, la « Méga combinatie » remporte les élections avec 40% des voix et obtient 23 sièges au Parlement et Ronnie Brunswijk forme un gouvernement de coalition avec Dési Bouterse.
Le 19 juin, ce dernier est élu président de la République par le Parlement, malgré l’opposition qui tente de le faire arrêter pour trafic de drogue.
Le président bénéficie d’une immunité qui le protège, Interpol retire son mandat d’arrêt international et durant son mandat, entre 2010 et 2014, Dési Bouterse voyagera au Brésil, au Guyana, en Afrique du Sud et aux Etats-Unis, où il fera un discours à l’assemblée générale des Nations unies.
Pour l’historien Gert Oostindie, Dési Bouterse aurait changé.
Ce n’est plus le même homme et ce n’est plus la même politique”
Le 5 avril 2012, l’Assemblée nationale du Suriname, par 28 voix contre 12, vote une loi d’amnistie qui met un terme à toutes les poursuites au Suriname contre Dési Bouterse.
Cette décision du Parlement (où le parti du président est majoritaire) le protège d’éventuelles poursuites au Suriname à l’issue de son mandat présidentiel, dont une peine de 20 ans de prison, dans le cadre d’un jugement en cours, concernant son implication dans les « assassinats de décembre », en 1982.
L’opposition, menée au Suriname par Chan Santokhi (ancien chef de la police et ancien ministre de la Justice et de la Police), fait campagne en vain pour l’abrogation de cette amnistie, jugeant la loi anticonstitutionnelle et contraire au droit international. L’amnistie soulève de vives réactions internationales et les Pays-Bas, en signe de protestation, rappellent leur ambassadeur.
Face aux critiques extérieures, Dési Bouterse nie toute implication dans le trafic de drogue et se dit victime de ceux qui ne chercheraient qu’à le discréditer et à ternir l’image du Suriname.
Bouterse est un criminel”
Si le père est aujourd’hui intouchable par la justice, ce n’est pas le cas de son fils qui est arrêté le 30 août 2013, et extradé aux Etats-Unis où il risque d’être condamné à perpétuité.
Pour le juge du tribunal de Manhattan, en charge de l’affaire, plusieurs chefs d’accusation sont retenus contre Dino Bouterse, dont un transport de 10 kg de cocaïne en juillet sur un vol commercial au départ du Suriname vers les Caraïbes, et pour détention d’armes.
De plus, un autre acte d’accusation fédéral américain stipule que Dino Bouterse a travaillé, à partir de décembre 2011, avec Edmund Quincy Muntslag Aka sur de très importantes opérations de contrebande de cocaïne vers les Etats-Unis.
Edmund Muntslag, qui est arrêté par la DEA à Trinidad en même temps que Dino Bouterse, est accusé d’être un trafiquant de Trinidad et Tobago. Il se serait approvisionné en cocaïne auprès de Dino Bouterse pour organiser, aux dires de la DEA, un véritable « pipeline de cocaïne » entre Trinidad et Miami.
Un autre chef d’accusation, et pas des moindres pour les Américains, met en cause Dino Bouterse pour un projet d’installation et d’équipement d’une base « terroriste » au Suriname.
Le 8 novembre, le procureur américain déclare que Dino Bouterse a invité au Suriname des gens qu’il pensait être du Hezbollah libanais, pour qu’ils y créent une base d’entrainement afin d’attaquer les Etats-Unis, en échange de plusieurs millions de dollars.
Dino Bouterse, nommé par son père directeur de l’Unité antiterroriste du Suriname aurait proposé au Hezbollah libanais un site au Suriname pour accueillir un camp d’entrainement pouvant recevoir de 30 à 60 hommes. Ce que Dino Bouterse ignore c’est que ses interlocuteurs du Hezbollah sont des agents de la DEA. Pour réaliser cette opération, Dino aurait proposé d’investir 2 millions de dollars et de fournir les armes nécessaires telles que des lance-roquettes, des mines terrestres, des missiles sol-air, des grenades propulsées par fusée et d’autres armes susceptibles de frapper des cibles américaines.
L’affaire se conclut le 31 juillet 2013 en Grèce. Selon la DEA, lors d’une négociation avec Dino, un faux représentant du Hezbollah affirme : « Vous baiserez les Hollandais et nous baiserons les Américains », et Dino Bouterse de répondre : « Je suis totalement derrière vous ». Dino Bouterse envoie alors un message à un associé au Suriname, en disant « Nous avons touché le Jackpot !!!».
Je suis bien capable d’organiser du trafic de drogue !”
Suite à l’arrestation de Dino par les Américains, le ministre des Affaires étrangères du Suriname, Winston Lackin, affirmera dans une allocution à la télévision que le Suriname n’est pas une base d’organisation terroriste. Le 30 août 2014, Dino Bouterse est entendu par la justice américaine et reconnait une partie des chefs d’accusation.
Début 2015, la justice américaine fixera la peine de Dino Bouterse. Il risque, d’après les experts, entre 15 ans et la perpétuité.
L’année 2014 sera marquée par de nombreuses arrestations importantes parmi les narcotrafiquants, qui en permanence, se réorganisent et ouvrent de nouvelles routes transcontinentales.
L’ une de ces zones de transit, c’est le Suriname ”
En mai 2014, la police brésilienne et Interpol réalisent des arrestations sur plusieurs pays pour démanteler le réseau international de trafic de drogue du brésilien Sergio Machado Nunes dit « Sergio le chauve » (ancienne relation de Pablo Escobar), mais celui-ci leur échappe. L’organisation de Sergio Machado Nunes avait entrepris la construction d’un sous-marin à Conakry (Guinée) pour le transport de la cocaïne via le Venezuela et le Suriname.
Le rapport 2013 du département d’Etat américain sur la drogue au Suriname écrit :
« …le Suriname permet aux trafiquants de déplacer des cargaisons de drogue par voie terrestre, maritime, fluviale, et aérienne avec peu de résistance. La capacité pratique du Suriname pour appréhender et poursuivre les trafiquants de stupéfiants reste bloquée par la corruption liée à la drogue, les obstacles bureaucratiques, et une législation inadéquate. »
En 2010, le Suriname assurera durant 1 an la présidence de la CICAD (Inter-American Drug Abuse Control Commission), dont il est membre, pour montrer sa forte implication au niveau international dans les questions liées à la lutte contre le trafic de drogue. Le gouvernement a indiqué dans sa déclaration de politique générale, après l’élection de Dési Bouterse, et plus tard dans le discours du nouvel an de 2011 que « le bien-être et la sécurité de ses citoyens sont le point de départ de la politique » et que cela « comprend également la lutte contre la drogue et la criminalité liée à la drogue par la coopération internationale ».
En ce moment la justice n’est pas très active pour trouver la vérité”
A l’heure où cette enquête sur Suriname et cocaïne se termine, le sujet se révèle, en cette période préélectorale, particulièrement sensible. Plus personne, sauf ses opposants politiques, n’invoque en clair le nom du président lorsque l’on parle de l’histoire de la cocaïne de ce pays.
Dési Bouterse a été condamné par contumace par les Pays-Bas, en 2000, à onze ans de prison sur des affaires de trafic de drogue, mais le Suriname n’ayant pas de traité d’extradition avec les Pays-Bas, il n’a pas été inquiété. De plus il bénéficie, sur l’ensemble des affaires évoquées, comme tout citoyen de la présomption d’innocence, d’une immunité présidentielle et de l’amnistie obtenues dans son propre pays sur les événements liés à l’époque de la dictature. Un ensemble de protections qui pourrait se prolonger, s’il est réélu à la tête de son pays.
Alors, que penser des mises en cause dont Dési Bouterse fait l’objet ? Nous avons sollicité à plusieurs reprises un interview avec Inez Weski, l’avocate de Dési Bouterse, pour aborder toutes ces questions, mais la réponse a été négative. L’avocate invoquant l’impossibilité de communiquer, car une demande de révision est en cours auprès de la Cour de cassation des Pays-Bas.
Concernant l’implication de Dési Bouterse dans les affaires de trafic de drogue à différentes époques, Chan Santokhi, ex-chef de la police et ancien ministre de la Justice et de la Police, apporte ses éléments de réponse.
Sous son régime en tant que président il y a une augmentation du trafic de drogue au Suriname”
En juin 2015, le Suriname devra choisir un président de la République pour un nouveau mandat de 5 ans, 3 candidats se sont déjà déclarés :
Né le 13 octobre 1945 à Domburg au Suriname
Parti politique : NDP (Nationale Democratische Partij)
Un sondage de 2013 donne Dési Bouterse favori aux élections de 2015
Né le 7 mars 1961 à Moengo-Tapoe (Marowjne District) au Suriname
Parti politique : ABOP (AlgemeneBrevrijdings– en Ontwikkelingspatij / Parti pour la Libération Générale et le Développement)
Ronnie Brunswijk s’est déclaré candidat en avril 2013 lors d’un concert de hip-hop de Rick Ross à Paramaribo.
Né le 3 février 1959 dans le district de Wanica au Suriname
Parti politique : le VHP (Vooruitstrevende Hervormings Partij / Parti réformiste progressiste).
Candidat d’une coalition de plusieurs partis d’opposants à Dési Bouterse
Situé sur la façade atlantique du continent sud-américain, au nord du Brésil, ce petit territoire amazonien du plateau des Guyanes fut, dès 1630, administré à différentes périodes par les Britanniques et par les Néerlandais.
La traite des esclaves et la colonisation vont faire venir dans la colonie, au fil du temps, des travailleurs de diverses origines : des Africains (certains fuient l’esclavage et se réfugient en forêt. On les appelle les « marrons »), mais aussi des Hindoustanies (ressortissants du sous-continent indien), des Javanais, des Chinois et des Créoles qui, avec les premiers habitants, les Amérindiens, constituent les principales composantes de la population actuelle.
En 1950, la colonie du Suriname obtient de la couronne néerlandaise un statut d’autonomie interne (assemblée législative élue au suffrage universel). A cette époque, le territoire compte près de 400 000 habitants, la langue est le néerlandais, la bauxite est devenue la principale ressource d’exportation devançant les activités agricoles de l’époque coloniale et le pays s’achemine progressivement vers l’indépendance avec le soutien des Pays-Bas qui ne s’opposent pas au processus en cours.
La crainte, c’était qu’il y ait un conflit entre les partisans de l’indépendance et ceux qui y étaient opposés”
Il n’y aura pas de conflit interethnique au moment de l’indépendance, mais les communautés restent très divisées politiquement.
Un autre point sensible apparait rapidement lors du processus d’accès à l’indépendance : la question de l’armée.
Vous n’avez pas besoin d’une armée !”
Durant ces négociations pour l’indépendance deux groupes politiques s’opposent, les partis Noirs et Créoles sont favorables à l’indépendance et le parti Hindoustanie qui souhaite rester attaché aux Pays-Bas. Le processus durera un an et l’indépendance sera obtenue par un vote et une majorité assez étroite de 51% contre 49%.
L’ indépendance du Suriname est proclamée le 25 novembre 1975. Johan Ferrier est nommé président de la République et une Constitution de type parlementaire est votée. Le gouvernement civil restera 5 ans au pouvoir jusqu’au coup d’Etat du 25 février 1980.
Le 22 mars 1999 s’ouvre à La Haye le procès par contumace de Dési Bouterse et de deux de ses acolytes pour avoir dirigé le « Suri-cartel », une organisation responsable d’un important trafic international de cocaïne. L'acte d'accusation rend Dési Bouterse responsable de cinq convois représentant un total d'une tonne et demie de cocaïne, vers les Pays-Bas et la Belgique, de 1989 à 1992 et mentionne que l’accusé a «utilisé sa position de chef de l'armée, commandé aux personnes concernées de transporter la drogue, organisé le transport à partir d'aéroports surinamais et fait en sorte que les stupéfiants ne soient pas saisis par la police, la douane et la gendarmerie du Suriname».
La Hollande, qui a une relation complexe avec son ancienne colonie, et qui abrite une forte communauté surinamienne de 250 000 personnes soit presque autant qu'au Suriname, où ils sont 350 000, suit de près l’évolution du procès. Une grande partie de l’instruction de ce procès s’appuie entre autre sur les sept ans d’enquête très documentée, menée par la COPA (Colombie-Paramaribo), un corps de police des Pays-Bas crée spécialement pour lutter contre le Suri Cartel. Le jugement est rendu le 6 juillet 1999 et condamne par contumace Dési Bouterse à seize ans de prison et à deux millions de dollars d’amende. Dési Bouterse est reconnu coupable d’un trafic de 474 kilos de Cocaïne.
Dési Bouterse, a toujours nié être coupable des faits qui lui sont reprochés, son avocate, Inez Weski, considère que rien n’est prouvé et que des erreurs graves dans le processus judiciaire, ont conduit à tromper la cour dans ce jugement, expliquant que Dési Bouterse a été reconnu coupable parce que le principal témoin, Patrick Van Loon, a été soudoyé par le gouvernement néerlandais. Le jugement est renvoyé en appel, et le 30 juin 2000, la Cour d’appel de La Haye condamne Dési Bouterse par contumace à onze ans de réclusion pour trafic de drogue.
En octobre 2014, une demande de révision est demandée par Inez Weski à la Cour de cassation des Pays-Bas. (Vrij Nederland du 7 mai 2014 : http://www.vn.nl/Archief/Justitie/Artikel-Justitie/Liegen-over-Bouterse.htm)
Superficie totale : 163 820 km (dont 156 000 km carrés de terre et 7820 km carrés d’eau)
Climat : équatorial (plus de 2 m de pluies par an, 26 °C de température moyenne annuelle).
Végétation : La forêt amazonienne dense recouvre 85 % du territoire, plaine marécageuse au Nord
Nombre d’habitants : 539 000 (estimation pour 2013 – source Larousse)
Capitale : Paramaribo (près de la moitié de la population vit dans la capitale)
Langue : le néerlandais
Monnaie : le dollar du Suriname
Economie : La bauxite est la principale ressource d’exportation
Nature de l’Etat : république à régime parlementaire
Pays frontaliers : Brésil, Guyana, Guyane française
Frontières terrestres : 1703 km + 386 km de littoral sur l’ océan Atlantique.
Auteur : Arnaud Jouve, RFI
Coordination éditoriale : Christophe Champin, Darya Kianpour, Véronique Barral
Coordinatrice et traductrice aux Pays–Bas : Laurence Blairon
Graphisme et conception multimédia : Studio Graphique
Intégration multimédia : Studio Graphique et Jérôme Carré
Tournage et Montage vidéos : Cyril Etienne
Photos : AFP, ANP, Getty Images, RFI
Vidéos : DEA, RFI
Remerciements
Direction national du renseignement et des enquêtes douanières (France), Drug Enforcement Administration (USA), Europol,
l'Institut national des hautes études de la Sécurité et de la Justice (France), Observatoire Géopolitique des criminalités (France), Police néerlandaise (NL).
Bandeaux photos :
Chapitre 1 : Les membres du Conseil national militaire, peu de temps après le coup d'Etat au Suriname. Photo : ANP
Chapitre 2 : Miami Beach. Photo : Wikimedia/CC-BY-SA-1.0/Marc Averette
Chapitre 3 : Survol de la forêt amazonienne, au Suriname. Photo : Getty/Robert Caputo
Chapitre 4 : Dési Bouterse, président de l’UNASUR en 2013 à Paramaribo. Photo : AFP Photo/Edward Troon
Annexe 1 : Paramaribo au XIXe siècle. Photo : Print Collector/Getty Images
Annexe 2 : Palais de justice de la Haye. Photo : Arnaud Jouve
Annexe 3 : Le fleuve Amazone. Photo : Getty/Wild Horse Photography