« Féerie », 15 ans de magie

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Connu dans le monde entier, Le Moulin Rouge est devenu une entreprise entièrement familiale depuis le rachat des murs par la société Bal du Moulin Rouge qui appartient à la famille Clerico. Une quatrième génération de Clerico est même déjà en place puisque les enfants de Jean-Jacques Clerico occupent déjà des postes de responsabilité au cabaret. Virginie Clerico est directrice du marketing stratégique et Jean-Victor Clerico occupe le poste de secrétaire général. Cet esprit familial se décline également dans toute l’entreprise et il est incontestablement l’une des principales raisons du long succès du Moulin Rouge. Tous ceux qui y travaillent le disent : au Moulin Rouge, on a vraiment l’impression d’appartenir à une famille. Quelques témoignages de celles et ceux qui font la vie du Moulin.

Marc MÉTRAL
Ventriloque

De tous les artistes qui se produisent au Moulin Rouge, Marc Métral est celui qui voit le public au plus près, car il fait monter chaque soir trois personnes sur scène. C’est le clou de son numéro qui comprend également trois marionnettes (un lion déchaîné et deux oiseaux perturbateurs) ainsi qu’un vrai bichon maltais qui parle.

Monsieur Clerico-père tenait beaucoup à ce que j’aie une interaction avec le public, car c’est moi qui noue tout le monde ensemble. Cela crée une alchimie qui est absolument nécessaire pour que la soirée soit réussie. Arriver comme attraction au Moulin Rouge, c’est le bâton de maréchal pour un artiste ! A cause de la scène tout d’abord, car on sent encore les personnages qui l’ont habitée comme Maurice Chevalier.

Il y a une âme, on sent qu’il y a du vécu.



Il y a un grand respect des artistes à partir du moment où on fait son travail. Par exemple, quand on m’amène mon micro, il est déjà testé. Et il y a quatre personnes qui installent mon matériel sur scène. Je ne vois pas ça ailleurs. Les costumes vont au pressing, bref on est traités comme des rois ! Et les conditions de travail sont exceptionnelles. Bien sûr, les loges ne sont pas très grandes, mais ça, ce n’est pas de leur faute. C’est parce que c’est un monument historique.

En ce qui concerne l’envers du décor, c’est aussi une famille parce que, quand on travaille pratiquement six jours sur sept et qu’on est là pendant sept heures, on ne voit plus l’artiste. On voit l’homme ou la femme. Et on les connaît tous personnellement. On devient solidaire aussi, humainement. Il n’y a pas de conflits. Il y a la famille du Moulin Rouge et la direction est d’une grande fidélité aussi. C’est peut-être ça aussi, le secret du Moulin Rouge. Cette confiance, elle rejaillit sur les artistes et sur le public. Ici les artistes se sentent bien et le public aussi. »



Thierry OUTRILLA
Directeur de scène

Arrivé au Moulin en 1976, Thierry a été danseur sur scène durant 13 ans avant de monter en grade sous l’œil bienveillant de Doris Haug, la créatrice des Doriss Girls and Boys, décédée l’été dernier à l’âge de 87 ans.

Quand je suis arrivé ici à 22 ans, les artistes avaient 30, 35 ans. C’étaient des femmes et des hommes d’âge mûr. Maintenant, la moyenne d’âge tourne plutôt autour de 20-24 ans. L’âge moyen a rajeuni de 10 ans pratiquement. On a des gens qui sortent des écoles. C’est peut-être un petit peu ‘vert’ mais, en même temps, ils deviennent vite des professionnels. Moi quand je suis arrivé, j’étais un môme parmi les adultes.

Le travail reste le même, mais c’est vrai que, maintenant, ce sont des athlètes alors que, autrefois, on disait : ‘tu es danseur de music-hall, tu as raté ta vie !’ Aujourd’hui, ce n’est plus ça du tout ! Déjà, les gens ont commencé la danse très tôt. Dès six ans pour les filles ! Quand elles arrêtent à 33-35 ans, elles disent ‘mon corps est un peu fatigué’ mais c’est tout à fait compréhensible.

Il faut savoir que les figures du French cancan avaient chacune une signification particulière, à l’origine. Le grand écart sauté au sol était, pour les danseuses, une façon de dire ‘on est contre les convenances et on peut se jeter au sol, cuisses ouvertes’. Le port d’arme, et la Cathédrale (deux jambes face à face symbolisant le toit d’une église, ndlr) était destiné à se moquer de l’armée, et la Catherine (le grand écart en l’air, ndlr) signifiait se moquer du clergé. Le cancan était en fait une façon pour les femmes de dire ‘notre corps nous appartient, venez adorer notre corps’. »



Fanny RABASSE
Attachée de presse

Arrivée en tant que stagiaire alors qu’elle était encore étudiante à l’École Française des Attachés de Presse, Fanny Rabasse s’est naturellement glissée dans la fonction quand son prédécesseur est parti à la retraite. En poste depuis près de vingt ans, elle ne changerait de travail pour rien au monde.

C’est un endroit légendaire où se sont produits des monstres sacrés : La Goulue, Mistinguett, Line Renaud, Piaf qui y a auditionné Montand. On a eu les plus grands artistes à toutes les époques : Maurice Chevalier, Frank Sinatra, Liza Minnelli, Elton John etc.

On le sait moins : André Pousse (ancien coureur cycliste également connu pour ses rôles de dur à cuire dans les films de Michel Audiard, ndlr) a été directeur artistique du Moulin dans les années 1950. Et c’est notamment lui qui a fondé ‘La Loco’ (qui est devenue ‘La Machine du Moulin Rouge’, ndlr). Autre anecdote méconnue : dans les années 1950, Elvis Presley, qui était de passage à Paris, est tombé amoureux d’une danseuse anglaise au Moulin Rouge. Il a voulu se faire prendre en photo avec elle mais elle lui a rétorqué : ‘moi Monsieur, je ne fais pas de photo avec des gens que je ne connais pas !’. Elle doit s’en mordre les doigts aujourd’hui….

Aujourd’hui, on n’a pas besoin d’une star pour mettre en valeur le Moulin . C’est le Moulin qui est devenu la star ! Les spectateurs ne viennent pas pour voir untel ou unetelle et ils ne connaissent pas forcement le nom du spectacle mais ils vienne pour Moulin Rouge et c’est cela qui compte. Avec l’anniversaire des 125 ans, on a eu des retombées presse mondiales alors que nous n’avons pas fait de soirée spéciale ! C’est assez incroyable, mais cela démontre l’étendue de la renommée du Moulin Rouge. »



Alexandra FREEMAN
Danseuse

Cette Américaine native de Palo Alto (baie de San Francisco), qui ressemble à s’y méprendre à Lady Gaga, a appris la danse à l’université de l’Utah. Elle a débuté sa carrière de danseuse à Las Vegas, mais a toujours rêvé de faire partie de la troupe du Moulin Rouge. Ce rêve s’est matérialisé il y a 2 ans et demi quand elle a débarqué à Paris après avoir été sélectionnée lors d’une audition à Vancouver supervisée par Janet Pharaoh, la directrice artistique associée.

Au début, ma mère avait un peu d’appréhension de savoir que j’allais danser les seins nus sur scène, car les mères sont toujours très protectrices. Et puis quand on dit ‘seins nus’ on pense immédiatement ‘sexuel’ ou ‘érotique’. Mais ce n’est pas du tout ce type de spectacle. C’est du cabaret, pas du strip-tease. Il s’agit plus de mettre en valeur le corps de la femme grâce à des costumes que de mettre l’accent sur la nudité.

J’ai dansé le cancan tous les soirs pendant 18 mois. Pour moi c’était un honneur incroyable, mais c’est extrêmement éprouvant pour le corps. Il faut réellement s’entraîner dur pour être en pleine forme et aussi s’échauffer sérieusement avant d’entrer en scène.

Faisant partie du monde de la danse, je connaissais bien sûr un peu l’histoire du Moulin Rouge avant de venir en France. Et à partir du moment où j’ai vu le film de Baz Luhrman, c’est devenu une véritable obsession chez moi. Même s’il s’autorise quelques licences poétiques par rapport à la réalité, on en apprend pas mal avec le film. Pour moi, c’est juste incroyable de danser tous les soirs à l’endroit même où le French cancan a été créé. Quand je sors du métro et que je vois le Moulin avec ses ailes qui tournent, ça me donne à chaque fois une pêche incroyable. »



Nicolas PIHILIANGEGEDERA
Danseur soliste

Ce natif de l’Essonne est un cas à part dans la troupe du Moulin Rouge, car il n’a pas suivi le parcours traditionnel, avec sa formation d’acrobate. Ses qualités athlétiques au-dessus de la moyenne lui ont permis d’intégrer la troupe en tant que danseur-soliste. En novembre dernier, il a établi un nouveau record de toupies au sol en enchaînant en 30 secondes 34 grands écarts en rotation, performance qui figure désormais au Guinness Book des records.

Mon cursus est assez spécial, car je viens du monde du cirque. J’ai fait une formation chez Annie Fratellini à Paris. J’ai donc commencé par le cirque en tant qu’acrobate chez Bouglione ; puis en Suisse, chez Knie, où j’ai fait cinq saisons. Après ces cinq ans, j’éprouvais le désir de me revenir à Paris et on m’a prévenu que le précédent danseur de French Cancan allait partir. Je suis venu passer une audition et j’ai été pris tout de suite. C’était il y a neuf ans et je suis toujours là !

Il y a beaucoup de danseurs qui font leur vie sur Paris, trouvent une femme et construisent une vie de famille. Au Moulin Rouge, on a la chance d’avoir un endroit qui nous propose du travail régulier, ce qui n’est pas si fréquent dans le milieu de la danse.

La routine, cela peut être dangereux pour le physique.



Les athlètes de haut niveau s’arrêtent au maximum 15 jours dans l’année et pour nous c’est à peu près pareil. On prend rarement plus de deux semaines d’affilée de vacances, sinon c’est compliqué le retour. Ça par contre, quand la coupure arrive, ça fait mal au corps !. »



Esméralda ALBERT
Danseuse

Son prénom prédestinait cette native d’Avignon à la scène. Bien qu’ayant reçu une formation à la fois classique et modern-jazz, elle a toujours été attirée par le cabaret. Après avoir fait partie de plusieurs compagnies de danse classique, son rêve de travailler au Moulin Rouge s’est concrétisé il y a six ans. Sa condition de jeune maman a un peu bousculé ses habitudes, mais elle ne cache pas sa joie de faire partie de la grande famille du Moulin.

C’est un honneur de se trouver ici pour cet anniversaire des 125 ans et de pouvoir le vivre. On le ressent au niveau de la salle. Il y a quand même 900 personnes par spectacle, et 1 800 par soir. On est fier de représenter 125 ans de maison.

J’ai baigné dans la danse depuis toute petite.



Ma journée type ne varie pas beaucoup même si là, c’est un peu spécial, car je viens d’avoir un enfant. Je me lève vers 11h et je m’entraîne dans l’après-midi, au Moulin puisque l’on a une salle de répétition dans les étages avec barre, tapis, stretch, musculation. Je fais une petite sieste ensuite et je veille à manger équilibré deux heures avant le spectacle, car on brûle quand même pas mal de calories. Avant il m’arrivait de sortir après le spectacle, mais maintenant je vais au lit direct vers 2h du matin.

On gagne très correctement notre vie, on a une excellente couverture sociale, un comité d’entreprise. C’est la meilleure maison où j’aie travaillé. Franchement, quand on est ici on n’a pas envie d’aller ailleurs. »



Richard RENNIE
Danseur

Cet Écossais natif d’Aberdeen est danseur au Moulin Rouge depuis trois ans et demi. Comme la plupart des artistes qui s’y produisent, le Moulin représente quelque chose de spécial pour lui, d’autant qu’il a beaucoup travaillé pour y arriver. Après avoir débuté sa carrière Glasgow puis à Londres, il apprécie la vie parisienne et aussi le statut dont bénéficient les danseurs, bien différent de ce qu’il est outre-Manche.

C’est sûr que le spectacle est beaucoup plus axé sur les danseuses que sur les danseurs, mais ça n’est absolument pas un problème. Les garçons ont de beaux rôles aussi dans le spectacle. Mais c’est clair que le public vient avant tout pour voir les filles. Quand je dis que je suis danseur au Moulin Rouge, certaines personnes sont surprises, mais nous sommes là pour mettre les filles en valeur.

J’ai des amis danseurs à Londres qui viennent parfois me rendre visite. Pour eux, c’est une expérience complètement différente. Le fait que la clientèle puisse dîner à une table et se faire servir du champagne, ils ne connaissent pas ça. Et aussi la taille de la troupe et le faste des costumes. Ils sont très impressionnés par tout ça, car à Londres ce n’est pas du tout pareil. Disons que Londres, comme Broadway, est plus axé sur la comédie musicale alors qu’à Paris, c’est le cabaret qui domine.

Ici, les danseurs sont très bien traités. On est bien payés, on a une bonne couverture sociale et la sécurité de l’emploi. À Londres, je n’ai jamais eu ça ! Là-bas, c’est un vrai combat. Une fois que vous avez terminé une revue et qu’il vous faut chercher autre chose, vous pouvez très bien vous retrouver serveur dans un bar pendant plusieurs mois. »



Nathalie ALTON
Habilleuse

Après avoir débuté au Lido, Nathalie est habilleuse au Moulin Rouge depuis le début de la revue « Féerie », il y a quinze ans. Son travail est essentiel au bon fonctionnement du spectacle, car elle doit ordonner les costumes, les vérifier et même parfois les réparer à la hâte en cours de spectacle si besoin est. Il y a en tout 21 habilleuses chaque soir pour veiller à la bonne tenue de la revue.

Le travail de l’habilleuse au Moulin Rouge, c’est un peu un rôle de Maman quelque part, car pas mal de danseurs et de danseuses sont étrangers. Donc il faut les mettre à l’aise. C’est une grande famille en fait. Et nous, on a un peu le rôle de mère au foyer. Il faut s’occuper de les habiller, tout en maintenant une certaine discipline, car ce sont des costumes qui coûtent assez cher.

Un costume avec du Swarovski (des perles, ndlr) et des paillettes, c’est très fragile et ce sont des vêtements qui sont portés sept jours sur sept, tout au long de l’année. Donc à un moment donné, il faut entretenir tout ça. Et puis il y a la préparation, tous les costumes sont rangés et classés dans l’ordre chronologique du spectacle.

Un changement rapide, c’est moins d’une minute.



Des moments de panique, cela arrive : un costume qui casse juste avant l’entrée en scène par exemple. Là, c’est le système D : épingle à nourrice, faire un nœud, arracher le costume du corps de la danseuse et lui en mettre un autre qui n’est pas de la même taille… Il faut improviser, mais il y a une devise : ‘quoiqu’il arrive, la danseuse doit être sur scène !’. Et on peut même ajouter : ‘peu importe comment !’ »





Mine VERGÈS
Costumière

Légende de la profession, Mine Vergès collabore avec le Moulin Rouge depuis près d’un demi-siècle. En tant que costumière, elle a travaillé partout, du Festival d’Avignon à Holiday on Ice en passant par le Lido, le Paradis Latin ou le Crazy Horse. Et elle a habillé les plus grandes de Barbara à Juliette Gréco, en passant par Dalida, Régine ou Mylène Farmer. Dans son atelier situé au-dessus du Moulin, trônent plusieurs parures célèbres dont l’une de ses plus récentes créations : une réplique de la robe fourreau de Marilyn Monroe qu’a porté Valérie Lemercier pour les 30 ans de Canal Plus.

Le plus difficile dans mon métier, c’est d’habiller une femme à poil ! (entendez seins nus, il n’y a pas de nudité intégrale au Moulin Rouge ndlr). D’abord parce que c’est ce qui coûte le plus cher et que c’est le plus difficile. Il n’y a pas de tissu, il n’y a rien ! Ce sont des strings ! Mais sur ce string doivent tenir plein de plumes. C’est donc très compliqué, beaucoup plus que faire un costume historique. Les filles doivent à la fois porter beaucoup de plumes, faire rejaillir la lumière et, en même temps, avoir très peu de choses sur elles, sur le devant.

  • Mine Vergès, costumière

Il faut que ce soit beau, que ce soit riche, ce n’est pas facile ! Pour les hommes, c’est beaucoup plus facile. On ne peut pas prendre de la soie par exemple, car la soie, c’est très fragile. Il faut que les costumes puissent se laver et il faut qu’ils soient très solides. N’oubliez pas qu’il y a deux spectacles par jour et que, parfois, le costume change de fille. Alors il faut vraiment des costumes ‘béton’.

Ce n’est pas facile la revue.



Ils doivent aussi pouvoir s’enlever et se mettre rapidement, en moins de 1 min parfois. Et il faut qu’ils soient très jolis, très ‘couture' et en même temps, ils ne sont pas faits ‘couture’. C’est tout un équilibre à trouver. Je travaille aussi sur la prochaine revue, mais là, c’est top secret. Je sais des choses, mais je ne peux rien, absolument rien, vous dire. »


Nicolas MAISTRIAUX
Bottier

Nicolas Maistriaux dirige la Maison Clairvoy depuis 2006, année lors de laquelle le Moulin Rouge a racheté cette maison créée en 1945. Située à 5 min à pied, dans la rue Fontaine, elle chausse le Moulin depuis 1960 et emploie cinq personnes à plein temps. Aujourd’hui encore, le Moulin Rouge représente 60% du chiffre d’affaires de la Maison Clairvoy.

Le Moulin Rouge est un client historique de la Maison Clairvoy. On réalise pour chaque nouveau danseur, homme ou femme 7 à 10 sur mesure. Une paire a une durée de vie de 3 à 4 ans avec des réparations régulières. On estime qu’une paire peut tenir entre 3 000 et 4 000 représentations. Mais tout dépend aussi de l’artiste, de l’utilisation qu’il en fait et de sa sudation. Toutes les chaussures sont entièrement faites à la main, en cuir, sauf les talons qui, eux, sont en bois.



Le Moulin Rouge est une maison qui fait très attention à ses artistes. On peut même dire qu’ils sont choyés. Cela dit, en même temps c’est leur corps de métier : pas d’artistes, pas de spectacle ! Une petite ballerine c’est 15 heures de travail. Mais cela peut aller jusqu’à 60 heures pour des modèles de chaussure particuliers. »



Editte FEVRIER
Plumassière

Editte Février a pris la succession de sa tante à la tête de cette entreprise familiale fondée en 1928. Comme le bottier Clairvoy, la Maison Février, qui emploie quatre plumassières à temps plein, est maintenant propriété du Moulin Rouge, depuis 2009. Les plumes d’autruche sont les plus utilisées pour le spectacle, mais on peut y voir également des plumes de cinq sortes de faisans différents et aussi des plumes de coqs et d’oies

Toutes les plumes proviennent d’animaux d’élevage, aucun animal n’est tué pour fournir les plumes. Pour avoir une très belle qualité de plume d’autruche, il faut que les autruches aient au moins 8 ans de vie. On achète nos plumes naturelles en Afrique du Sud où il y a des élevages pour ça. En France, on a des élevages d’autruches, mais ils les utilisent pour la viande et non pas pour les plumes. On les achète brutes au kilo et après on les fait teindre.

Comme c’est naturel, ça se teint comme de la laine. On les trempe dans des bains très chauds. Et en les séchant bien, elles deviennent toutes belles, toutes soyeuses. Ca n’est pas si fragile que ça. Elles doivent aussi subir un traitement vétérinaire, car il nous faut un certificat. Elles doivent avoir bouilli dans des bains à 300 degrés pour éliminer les parasites et les microbes.

C’est un métier fastidieux. Une coiffe de danseuse contient 450 plumes découpées à la main, une à une. Et il y a 60 costumes faits à l’identique. Sur un tableau, il y a des milliers de plumes et des milliers d’heures de travail. Il faut vraiment avoir l’amour de la plume pour faire ce métier. »



  • Editte Février, plumassière


Patricia BERTHE
Couturière

Patricia Berthe a débuté sa carrière de couturière à l’opéra de Lyon à sa sortie de l’école la Martinière. Cela fait désormais 30 ans qu’elle travaille au Moulin Rouge. Patricia dirige l’équipe de jour qui comprend neuf personnes en journée (il y a aussi une équipe du soir qui travaille durant le spectacle). Le budget costumes est l’un des plus important du spectacle. Il a coûté 3,5 millions d’euros lors du lancement de « Féerie », une revue qui compte environ 1 000 costumes.

Le travail a beaucoup évolué depuis 30 ans, notamment dans les matières que l’on utilise pour réparer tous les costumes. Le budget a évolué aussi et on a plus de facilités pour effectuer les réparations. On peut acheter les matières qu’il faut et c’est vraiment un grand changement. On n’a pas vraiment de limite.

Si on a besoin d’un cuir particulier pour faire un pantalon, ou d’un tissu pour changer des doublures, on sait qu’on peut le faire. Avant, on était plus dans la reprise et le maintien des costumes le plus longtemps possible.

La costume fait aussi la beauté du spectacle.



J’ai découvert l’univers du costume à Lyon et c’est devenu une passion. On touche à énormément de matières, qui sont différentes de celles de la mode. Et on touche à différents métiers : les coiffes, les modistes, les cordes à piano (fils métalliques avec lesquels sont faites les armatures des costumes ndlr). Il faut savoir travailler un peu le métal pour refaire des formes. On retravaille les bordures de coiffe. Énormément de choses en fait, comme la broderie. Ici le costume n’est pas seulement accessoire, il fait partie du spectacle à part entière et de la scénographie. Quand je vois le résultat de notre travail sur scène, ça me donne des frissons. »