Le 25 mai, trente-deux États réunis à Addis-Abeba créent l'Organisation de l'unité africaine et adoptent la Charte qui en définit les objectifs et les institutions.
Mue par le panafricanisme, la communauté d'États veut renforcer l'unité africaine et parachever la décolonisation du continent. À peine créée, l'OUA soutient les mouvements de libération dans les colonies portugaises et fonde un « comité de libération » contre la suprématie de la minorité blanche en Namibie et en République d'Afrique du Sud.
Les trente-deux pays signataires de la Charte de l’OUA sont : l'Algérie, le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, l'Égypte, l'Éthiopie, le Gabon, le Ghana, la Guinée, le Kenya, le Liberia, la Libye, Madagascar, le Mali, le Maroc, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, la République du Congo, le Rwanda, le Sénégal, la Sierra Leone, la Somalie, le Soudan, le Tchad, le Togo, la Tunisie et l'Ouganda. L’Afrique du Sud est exclue en raison de sa politique d’apartheid.
Adhésion du Malawi, de la Tanzanie et de la Zambie
Adhésion de la Gambie
Adhésion du Botswana et du Lesotho
Adhésion de la Guinée équatoriale, du Swaziland et de l'Île Maurice
L'OUA condamne les pays occidentaux fournisseurs d'armes à l'Afrique du Sud.
Six ans auparavant, une résolution contre l'apartheid avait été adoptée lors du sommet du Caire. Par la suite, l'organisation réaffirmera régulièrement son soutien à la lutte anti-apartheid. Mais bridée par sa politique de non-ingérence, elle ne pourra exercer d'action efficace permettant l'abolition du régime ségrégationniste.
Adhésion de la Guinée-Bissau
Adhésion du Cap-Vert, des Comores, du Mozambique et de Sao Tomé-et-Principe
Adhésion des Seychelles
Adhésion de Djibouti
Adhésion de l’Angola
En avril, au cours de son IIe sommet extraordinaire au Nigéria, l'OUA adopte le Plan d'action de Lagos (PAL).
Ce plan s'inscrit dans le cadre d'une politique visant à redynamiser le développement économique de l'Afrique. Il sera suivi d'autres mesures dont la Charte africaine d’Arusha pour la participation populaire et le développement en 1990, le Traité d'Abuja en 1991 instituant la Communauté économique africaine (CEA), et l'Agenda du Caire en 1994. L'échec de ces plans conduira à la création du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) en 2001.
Cette année-là, le Zimbabwe intègre l’OUA.
L'OUA reconnaît la République arabe sahraouie démocratique créée par le Front Polisario.
Deux ans plus tard, ce nouveau pays membre, représenté par son chef d'État, siège à la conférence d'Addis-Abeba. Le Maroc se retire de l'OUA en réaction à cette nouvelle adhésion, en raison du conflit qui oppose les deux pays au sujet du Sahara occidental.
Adhésion de la Namibie
Adhésion de l'Érythrée
Le 7 avril, un génocide contre les Tutsis démarre au Rwanda. Il entraîne la mort de près d’un million de personnes.
Un an plus tôt, au Caire, l'OUA condamnait la tentative de coup d'État au Burundi et l'assassinat du président Ndadaye qui a marqué le début d'une période de conflits interethniques causant plus de 150 000 morts. Consciente que les guerres et instabilités politiques représentent un fléau et un véritable frein au développement de l'Afrique, l'OUA mettait alors en œuvre un « mécanisme de paix ». Ces mesures se révéleront inefficaces face aux massacres qui se dérouleront au Rwanda pendant plus de trois mois.
L'Afrique du Sud rejoint l'OUA
L'apartheid est aboli et Nelson Mandela, élu président depuis peu, représente son pays au cours du XXXe sommet à Tunis.
Le 9 septembre, au cours de son IVe sommet extraordinaire, l’Organisation de l’unité africaine adopte la Déclaration de Syrte qui lance le projet de l’Union africaine.
Le 11 juillet, l'Acte constitutif de l'Union africaine est signé à Lomé, au Togo.
Un an plus tard, le XXXVIIe et dernier sommet de l'OUA se tient à Lusaka, en Zambie. Une quarantaine de chefs d’État ratifient la transformation de l’organisation qui prendra le nom d'Union africaine.
La mise en place du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) se fait le 23 octobre 2001.
La première session inaugurale de la Conférence des chefs d'État et de gouvernement de l'Union africaine se tient le 9 juillet 2002 à Durban, en Afrique du Sud.
En juillet, les institutions majeures de l'Union africaine – la Commission, le Parlement panafricain et le Conseil exécutif – sont mises en place au cours du sommet de Maputo.
Sur le modèle des Nations unies, l’UA se dote aussi d'un Conseil de paix et de sécurité (CPS), qui sera actif à partir de 2004, et envisage de mener des interventions militaires et des opérations de maintien de la paix en Afrique.
Au cours du IXe sommet de l’Union africaine à Accra, au Ghana, la création d’un gouvernement africain fait l'objet de débats houleux.
Le Sénégal et la Lybie prônent, sans succès, l'idée d’une Union politique africaine. Élu président de l'UA en 2009, Mouammar Kadhafi défendra tout au long de son mandat sa vision des « États-Unis d'Afrique », sans réussir à concrétiser ce projet.
Le Soudan du Sud est officiellement reconnu comme un État et adhère à l'UA.
Le 16 juillet, Nkosazana Dlamini-Zuma, ministre de l'Intérieur sud-africaine, devient la première femme élue à la tête de la Commission de l'Union africaine.
Lors des cérémonies de son cinquantenaire, le 27 mai 2013, l'Union africaine annonce la création d'une force d'intervention rapide et prévoit de mettre en place la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises (CARIC) au cours de l'année 2014, précédant la création de la Force africaine en attente, projetée pour 2015.
Au cours de l'année 2014, l'Union africaine intervient lors de deux graves crises qui ont frappé le continent.
Face à la flambée d'Ebola, l'Organisation panafricaine se mobilise tardivement, en septembre, alors que l'épidémie s'est déclarée depuis plusieurs mois déjà. Au Burkina Faso, l'Union africaine accompagne la transition politique du pays après la fuite du président Compaoré fin octobre.
Mais l'UA est critiquée pour son silence face aux dirigeants qui cherchent à modifier les Constitutions pour se maintenir au pouvoir.
Quelques mois plus tôt, en juin, lors du XXIIIe sommet de l'Union africaine en Guinée équatoriale, les débats avaient entériné et précisé la mise en place, en deux temps, de la future force africaine. Le 30 janvier 2014, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz était élu à la présidence de l'Union africaine.
Renforcement de la collaboration entre l’Union africaine et les Nations unies
Alors que l’Union africaine fait face aux nombreuses crises qui frappent le continent – Libye, région des Grands Lacs, Mali, Sahel, Soudan du Sud, Somalie, Darfour et Boko Haram –, la IXe réunion annuelle entre le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA et le Conseil de sécurité des Nations unies est l’occasion pour les deux institutions de discuter des moyens visant à renforcer leur partenariat pour consolider la paix et la sécurité en Afrique.
L’année 2015 marque aussi le lancement de l’« Agenda 2063 », le plan d’action que se donne l’Union africaine d’ici au centenaire de sa création en matière de développement inclusif et durable.
Signature d’un accord-cadre entre l’Union africaine et les Nations unies
En janvier 2017, le président de la Commission de l’Union africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat signe, avec Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, un accord-cadre qui renforce la collaboration des deux institutions en matière de paix et de sécurité sur le continent africain. La question des financements des opérations conjointes reste cependant à finaliser.
Après trente-deux ans d’absence, le Maroc fait son retour au sein de l’Union africaine. Rabat avait quitté l’Organisation de l’unité africaine en 1984 en réaction à l’admission de la République arabe sahraouie démocratique avec laquelle il était en conflit au sujet du Sahara occidental.
Année de réformes au sein de l’Union africaine
Le chef de l’État rwandais Paul Kagame, qui assure la présidence tournante de l’UA, lance un vaste projet de réformes visant le fonctionnement de l’organisation panafricaine, notamment à travers la refonte de sa Commission ; la restructuration de son financement par le biais de mesures d’autofinancement mais aussi de plans de lutte contre la corruption. En mars 2018, quarante-quatre pays africains signent l’accord établissant la ZLEC, la zone de libre-échange continentale pour la création d’un marché commun de plus de 1,2 milliard d’habitants.
L’Union africaine face à la pandémie de Covid-19
L’Afrique a été plutôt épargnée lors de la première vague de Covid-19 en 2020, en grande partie grâce à l’anticipation du CDC (Centre de prévention et de contrôle des maladies de l’Union africaine). Anticipation attribuable à l’expérience acquise après l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest ainsi qu’à la mise en place d’une stratégie continentale conjointe. Mais les vagues suivantes frappent durement l’économie du continent qui peine à vacciner sa population, avec moins de 3 % totalement immunisée. L’Union africaine parvient à obtenir 270 millions de doses de vaccins en bénéficiant du dispositif Covax lancé par l’OMS. Dans un même temps l’Afrique du Sud, le pays du continent le plus touché par la pandémie, lance la construction de la première usine de fabrication d’un vaccin « africain pour l’Afrique et pour le monde entier ».