Chronologie des évènements
Chapitre 4 - L'implosion d'une société

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Rapidement la Seleka au pouvoir achèvera de mettre le pays à genoux. Exactions, pillages et corruption gangrènent le pays et exaspèrent la population. La mouvance anti-balaka émerge et s’étoffe. La Centrafrique sombre dans un cycle de violences et de représailles. Les civils en sont les premières victimes. L’offensive des anti-balaka sur Bangui le 5 décembre marque le tournant de la crise. Les jours de la Seleka au pouvoir sont comptés. Le rapport de force s’inverse. Les convois de réfugiés musulmans prennent la route de l’exil. Les camps de déplacés fleurissent partout dans le pays. Le plus grand, celui de MPoko près de l’aéroport de Bangui accueille jusqu’à 100 000 personnes au plus fort de la crise.

1 | La peur en partage

L’attaque des anti-balaka sur Bangui le 5 décembre 2013 provoque des représailles immédiates des Seleka dans certains quartiers. Des dizaines de milliers de personnes viennent immédiatement chercher refuge près de l’aéroport de Bangui-Mpoko sécurisé par l’armée française.



Survol des quartiers dévastés de Bangui.©Laurent Correau/RFI


Le 5 décembre 2013, marque une accélération des violences à Bangui, dans l’Ouest et le Nord-Ouest. Les digues sont enfoncées dans les esprits. Le pays plonge dans une longue succession de meurtres et de pillages. Contraints à l’exil, les musulmans fuient la Centrafrique ou se réfugient dans des enclaves protégées par les forces internationales comme au PK5 de Bangui.





Les musulmans fuient la RCA, reportage David Thomson et Richard Riffonneau, janvier 2014.

Drame ordinaire à Bangui, attaque nocturne dans un quartier chrétien, Olivier Rogez et Richard Riffonneau, mars 2014



Avec l’explosion des violences, les sévices sexuels infligés aux femmes et aux enfants ont fortement augmenté.

© AFP /Pacome Pabandji

À Bangui, Médecins sans frontières a mis sur pied à l’hôpital général une cellule consacrée aux victimes de violences sexuelles. Malgré l’accalmie sécuritaire, elle reçoit à l’heure actuelle une quarantaine de femmes victimes chaque mois. Deux fois plus lorsque le personnel de MSF fait de la sensibilisation en ville.

Béatrice a 38 ans. Elle est l’une de ces victimes. Elle raconte le traumatisme qu’elle a vécu en décembre 2013.

Béatrice, victime de viol, mars 2015



Entre le 16 novembre 2013 et le 26 février 2014, les Nations unies ont dénombré 1 872 structures ou bâtiment détruits et certains arrondissements ont été plus meurtris que d'autres. Les bâtiments mis à terre se concentrent surtout en deux endroits. Le Ve arrondissement, autour de l'avenue du Lieutenant-Koudoukou et le quartier de Kokoro, dans le IIIe arrondissement. Ces deux zones totalisent à elles seules près de la moitié des destructions.



Carte des destructions dans Bangui.


Les quartiers dévastés de Bangui

  • Le 3e arrondissement a été particulièrement touché par les violences.
  • « J'ai vu le quartier se vider de ses habitants », Aimé Mickaël Sérédouma.
  • Musulmans et chrétiens travaillent ensemble pour l'association « Tournons la page ».
  • Les habitants réinvestissent leurs quartier.
  • Cette femme est revenue pour veiller au peu qu'il lui reste.


2 | Boda, une ville déchirée par la crise

Boda, dans l’ouest du pays, a poussé à l’extrême l’expérience des divisions. Cette bourgade située dans la province de la Lobaye, à 180 kilomètres de Bangui, vit depuis le 29 janvier 2014, une expérience cauchemardesque. Après des affrontements entre chrétiens et musulmans, attisés par l’arrivée de miliciens anti-balaka, les musulmans se sont repliés dans leur quartier. Ils y ont longtemps vécu coupés du monde, risquant leur vie s’ils s’aventuraient au-delà des limites de l’enclave. L’arrivée d’un détachement de la force Sangaris à Boda a fait taire les armes.



Intervention de la force Sangaris à Boda. © Olivier Rogez/RFI


En avril 2014, la situation a même commencé à se détendre, mais la ville est restée divisée entre « enclave » et « centre ». « Avec la reprise des mouvements de camions, les populations recommencent à circuler. On assiste à des retours dans l’enclave et dans le centre de Boda. Ça se traduit dans nos statistiques de consultations », nous expliquait en avril le Dr Richard Kojan, de l’ONG Alima présente à Boda.







Les musulmans abandonnés de Boda, reportage d’Olivier Rogez, avril 2014

Les peurs et les fantasmes à Boda, reportage d’Olivier Rogez, avril 2014





3 | Camp de Mpoko : ville de toile et de peur

L’offensive des anti-balaka, le 5 décembre 2013 sur Bangui, et les représailles des Seleka les jours qui suivent poussent des dizaines de milliers de personnes à se réfugier à proximité des bases de l’armée française et de la Misca qui jouxtent l’aéroport de MPoko.



Des déplacés dans le camp de MPoko de l'aéroport de Bangui, le 11 février 2014. Reuters/Luc Gnago


Elles bâtissent une cité de fortune où certains resteront des mois, par peur de l’insécurité persistante dans leurs quartiers d’origine. Au plus fort de la crise, le site a abrité jusqu’à 100 000 personnes.



L'aéroport de Bangui sert de camp de réfugiés

Pour aller plus loin :
Réécouter Mpoko, une vie de déplacé à Bangui, juin 2014





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